Vol. XXXIV,  n° 12 - v. 2.2 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Août 2024

Août

Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi
    1
Début
de la
Grande Guerre
1914
2
Hannibal
triomphe
à Cannes
216 av. - J. C.
3
Départ de Christophe
Colomb
1492
4
Explosion
au port de
Beyrouth
2020
5
Naissance
de Neil
Armstrong
1930
6

Hiroshima !

1945
7
Le Kon Tiki
en
Polynésie
1947
8
Démission
de Richard
Nixon
1974
9

Nagasaki !

1945
10
Chute de la
monarchie
française
1792
11
Naissance
de Sadi Carnot
1837
12
Construction 
du Mur de la Honte (Berlin)
1961
13
Naissance
d'Alfred
Hitchcock
1899
14
La Charte
de
l'Atlantique
1941
15
Mort
de
Cléopâtre
30 av. J.-C.
16
Naissance de 
T.E, Lawrence
(d'Arabie)
1888
17
Découverte d'or au
Klondike !
1896
18
Décès de Genghis 
Khan
1227
19
Débarquement
de
Dieppe
1942
20
Naissance de
Raymond
Poincaré
1860
21
Vol
de la
Joconde
1911
22
Pétra
sort de
l'oubli
1812
23
Signature du pacte germano-
soviétique
1939
24
Éruption
du
Vésuve
79

25
Libération
de 
Paris
1944

26
Naissance
de
Jules Romains
1885
27
Assassinat
de Lord
Mountbatten
1979
28
Luther King
à
Washington
1963
29
Exécution
de l'Inca
Atahul
1533
30
Naissance
de Théophile
Gauthier
1811
31
Mort de la
Princesse
Diana
1997

Votre première visite sur le site de l'Université de Napierville ?

Lisez cette page : Un monde à découvrir

Dernières nouvelles

Index

   Ce numéro :

Guillaume Musso, Nathan Fawles, Margaret Atwwood, Umberto Eco, Milan Kundera, Eugêne Ioneco, Marcel Proust, John Irving, William Shakespeare, Pérec et les personnes âgées, l'Intelligence artificielle, Béatrice Martin alias Cieur de Pirate, News Junkies, Geoprges Milton et Casimir Oberfeld, la surdité chez les restaurateurs, Francis Cabrel : Hors-saison, Le Dictionnaire des intellectuelles du Québec, Molière et Le malade imaginaire, Pastiche, Maurois et Painter et Virginia Woolf.

Et voir :

Un INDEX de tous nos numéros, depuis Janv. 2018 : ICI.

   
Chroniques

    Simon Popp  

Dix ans !

Ce qu'on peut être con quand même ! - Je relisais il y a quelques jours le dernier numéro du Castor™, celui qui n'était qu'une copie du numéro paru il y a dix ans - plus spécifiquement ma chronique qui en faisait partie  - et je me disais : «Mais qu'est-ce qui t'a pris d'écrire des chose semblables ?» tout en sachant précisément la raison :  j'étais vieux. Heureusement, j'ai rajeuni depuis.

 Curieux, toute de même, car je le répète à tous ceux qui sont plus jeunes que moi qu'éventuellement, comme tout le monde, ils seront appelés à changer d'idées, à devenir, en quelque sorte, quelqu'un d'autre, i.e. : une personne qu'ils ne reconnaîtront pas, s'ils leur arrivaient de la rencontrer. Dans un ascenseur, par exemple.

Qu'est-ce qu'on se dit à vingt ans quand on regarde ceux qui en ont dix ? - Qu'ils leur restent beaucoup de choses à apprendre... - La même chose à trente ans quand on on regarde ceux qui en ont vingt. - Et encore à quarante par rapport à ceux qui n'en ont que trente. - Et à chaque fois, l'on est convaincu que l'on possède une idée définitive, sinon parfaite, de la réalité.

Et l'on croit que cela va s'arrêter à un moment donné...

Le problème, c'est qu'à toutes les âges, on se croit enfin, en pleine possession de son soi, incapable de penser que dans dix ans nous serons encore une fois devenus quelqu'un d'autre. C'est ce qui me paraît la plus juste explication ou la raison fondamentale de l'écriture :

On devrait toujours s'écrire à soi-même. C'est ce que j'ai pensé quand Monsieur Pérec (quand allons-nous prendre l'habitude de l'appeler Hermy comme il nous le demande depuis des mois ?) m'a littéralement mis sur le nez ce que j'ai écrit il y a cinq ans à propos de la littérature et qu'on pourra relire ci-dessous...

La vie, hélas, nous donne des leçons d'humilité continuellement.

Je n'ai pas hâte de me relire dans dix ans.....

***

Avez-vous déjà remarqué que dans les bars ou restaurants ou autres lieux publics, il y a toujours un bonhomme qui sait tout, que ce soit en politique, en science, en histoire, en histoire des religions ou en mécanique, de même que dans les domaines du commerce, du transport, de l'économie, des voyages, de l'automobile, du sport et des arts (y compris, surtout, ceux qui ne demande pas trop d'efforts, comme le cinéma ou la peinture). Ils connaissent également à peu près tout ce qui mérite d'être connu : la construction, l'urbanisme, les barrages, la météo et la fabrication de tous les appareils ménager, y compris les outils dont on se sert pour faire du jardinage. Et ne demandez leur pas la différence entre les types de piano et les accordéons diatoniques ou chromatiques... Ils auront une opinion là-dessus J'en écoutais un dernièrement expliquer à une dame comment les compagnies d'assurance réglaient les demandes d'indemnité qu'on leur formulait. (Il appelait cela des "réclamations",) - J'étais justement,ce jour-là, en compagnie d'un bonhomme qui a oeuvré cinquante-deux ans dans ce domaine. Je lui demandé son avis. 

Sa réponse fut simple : "Simon, m'a-t-il dit, dans le domaine de l'assurance tout le monde, sans exception, sait comment ça fonctionne, sauf la plupart des experts dont c'est métier... qu'au demeurant, on ne consulte jamais."

J'ai pensé au mien, au métier ou à la profession où j'ai oeuvré pendant des années  et je me suis dit : "C'est curieux, mais ça se passe exactement de la même façon."

Le problème, c'est qu'on a beau changer de bars ou de restaurants, il y en a toujours un qui domine l'endroit de son savoir.

J'en connais deux en ce moment et les deux semblent étonnés que je ne leur adresse jamais la parole.

*** 

J'ai hâte de voir ce que j'aurai écrit aujourd'hui... dans dix ans... si je me rends jusque là. - Mettons cinq ans. - Cinq ans ? - Au train où vont les choses, je devrais dire deux. Mais voici ce qu'on m'a dit pa plus tard qu'avant-hier :

(P-S. : Je signe toute de suite avant qu'on m'oublie...

Simon

*** 

Ajout de la direction :

Dix ans ?

Pas besoin de vous  rendre si loin, Simon :

Mais il faut vous dire auparavant que nous avons reçu plusieurs messages à propos de ce que vous avez écrit (et de ce Jeff nous a cité de son ami Serge) et que nous avons reproduit dans le dernier numéro du Castor™ - qui n'était, comme nous l'avons indiqué, qu'une copie (sauf le calendrier annoté) du numéro que nous avons publié il y a dix ans. - Certains ont utilisés des mots comme "très intéressant", "magnifique", "brillant" et même "éblouissant". On nous a même rapporté qu'un lecteur avait pris la peine d'extraire la lettre de Serge pour en faire une version pdf (pour une plus grande diffusion ?).

Tout cela nous a ravi et même "flatteur", mais ce n'était pas la peine d'aller si loin en ce qui vous concerne. En faisant des recherches au cours du mois courant, Maud a trouvé, de vous, la critique suivante d'un livre de Guillaume Mussso qu'elle a trouvée et que  nous avons trouvée, à notre tour, tout aussi "brillant[e]", si vous nous permettez d'utiliser le mot d'un de nos lecteurs, peut-être à cause des nombreuses citations qu'elle contenait.

Un morceau d'anthologie, quoi...

La voici :

Paru dans le Castor il y a cinq ans (moins un mois)


Guillaume Musso - La vie secrète des écrivains
Calmann-Lévy, 2019

(Une bonne amie à moi - une très bonne amie; une femme que j'adore - qui m'a aidé à retracer la référence au texte qui précède et dont j'avais oublié l'auteur, fut fort surprise d'apprendre que j'étais à la recherche de ce dernier livre de cet écrivain. - Je ne me souviens plus exactement de ce qu'elle m'a dit, mais c'était dans le genre : «Quoi ?» Mais c'est [un mot que je n'arrive pas à me souvenir]...  «Tiens,  j'ai pensé, elle commence à savoir ce que je lis !»)

Notre fidèle lecteur, celui qui habite en face du Parc Lafontaine nous écrivait récemment pour nous signaler ce livre, le dernier de cet écrivain qui serait en ce moment le plus lu en France. -  «Voilà, que je me suis dit [je me parle souvent tout seul], un autre écrivain que je n'aurai pas le temps de lire...»

Sauf que dans son message, il m'a cité abondamment divers écrivains réels ou fictifs à propos de l'acte d'écrire. Permettez que j'en cite quelques uns :

Nathan Fawles : «Comme Margaret Atwood, je pense que vouloir rencontrer un écrivain parce qu'on aime son livre, c'est comme vouloir rencontrer un canard parce qu'on aime le foie gras [...] Parce que l'existence d'un écrivain est le truc le moins glamour du monde. Tu mènes une vie de zombie, solitaire et coupée des autres. Tu restes toute la journée en pyjama à t'abîmer les yeux devant un écran en bouffant de la pizza froide et en parlant à des personnages imaginaires qui finissent par te rendre fou. Tu passes tes nuits à suer sang et eau pour torcher une phrase que les trois quarts de tes maigres lecteurs ne remarqueront même pas.»

Umberto Eco : «Je n'appartiens pas à la clique des mauvais écrivains qui prétendent n'écrire que pour eux-mêmes. Tout ce qu'un auteur écrit pour lui-même, ce sont des listes de courses, qu'il peut jeter ses achats terminés. Tout le reste [...] sont des messages adressés à quelqu'un d'autre.»

Milan Kundera : «1) L'intervieweur vous pose des questions intéressantes pour lui, sans intérêt pour vous. 2) De vos réponses, il n'utilise que celles qui lui conviennent. 3) Il les traduit dans son vocabulaire, dans sa façon de penser.»

Eugène Ionesco : «Un écrivain n'est jamais en vacances. Pour un écrivain, la vie consiste soit à écrire, soit à penser à écrire.»

Marcel Proust : «Une personne est une ombre où nous ne pouvons jamais pénétrer, une ombre où nous pouvons tour à tour imaginer, avec autant de vraisemblance, que brillent la haine et l'amour.»

John Irving : «Qu'est-ce qu'un bon roman ? Vous créez des personnages qui suscitent l'amour et la sympathie de vos lecteurs. Puis vous tuez ces personnages. Et vous blessez votre lecteur. Alors, il se souviendra toujours de votre roman.»

Et même :

William Shakespeare : «L'enfer est vide, tous les démons sont ici.»

Je serais tenté de débuter ma réponse à toutes ces citations par un «Comme tout le monde, je suis, depuis Pivot, habitué à entendre des commentaires comme ceux-là...», mais j'ai décidé que ce serait, comme on me le dit trop souvent, condescendant de ma part parce ce que, défilant à mon tour d'autres citations, je ne ferais que souligner encore une fois non seulement mes préjugés, mes parti-pris et surtout mon ignoranteté ou, à tout le moins, non seulement la petitesse de mon univers, mais également - passez-moi l'expression - son herméticité(*).

(*) Dans le sens de «qui est fermé de manière à empêcher tout échange... qui est parfaitement clos... exclusif... si spécialisé qu'il est presque du domaine de l'anachorétisme». (Cette explication en étant la preuve.)

Alors, mettons tout cela de côté et laissez-moi mentionner une seule question que, malheureusement, je n'ai jamais entendue et qui aurait pu, qui aurait dû faire partie de ces innombrables interviews qu'ont accordé des centaines d'écrivains et qui, ces interviews, font partie du «monde littéraire» depuis plusieurs années. (En cela, je me réfère non seulement aux émissions de Bernard Pivot, mais jusqu'aux entretiens de Gide avec Jean Amrouche, de Paul Léautaud avec Jean Mallet et même de Julien Green avec Marcel Jullian, tous mentionnés ici il n'y a pas si longtemps.)

Cette question, la voici :

«Si l'humanité disparaissait et que vous vous retrouviez seul au monde, le dernier survivant d'une espèce qui s'éteindra avec vous, continueriez-vous à écrire ?»

Je ne reciterai pas encore une fois la célèbre remarque de Borges («Comme Coleridge, j'ai toujours su, dès mon enfance, que mon destin serait littéraire. Je ne savais pas alors que - comme le pensait Emily Dickenson - la publication n'est pas la partie essentielle du destin d'un écrivain»...), car je voudrais répondre à cette question ceci :

Je ne me considère pas comme un écrivain - certainement pas de ceux qui ne songent qu'à une chose, soit publier - sauf que si je considère ce que j'écris avec une régularité qui frise la toquade, je ne saurai pas m'arrêter et je crois que dans cette réponse je résume la raison fondamentale pour laquelle j'écris : pour mettre de l'ordre dans mes pensées.

Est-ce qu'il pourrait en avoir d'autres ? Oui, mais pour cela, il faut que l'humanité ne cesse pas d'exister : 

La gloire, l'argent, pour les générations qui suivent (en espérant qu'elles seront moins stupides que la nôtre) et, peut-être même, pour démontrer à quel point on est inintelligent.

Vous savez ce que je pense des auteurs «intelligents» ? La même chose que je pense des comédiens : plus ils sont intelligents, moins ils sont drôles. Dans ses derniers films, Chaplin était moins drôle que n'importe quelles des deux bobines de Laurel & Hardy...

Et puis, écrire quand il n'y aura plus de lecteurs... Pourquoi pas ?

Je ne crois pas que celui qui a «peint» la main qui suit pensait à impressionner ceux que nous allions être, vingt mille ans après :

Grotte Chauvet
Vallon-Pont-d'Arc,
département de l'Ardèche, 
région Auvergne-Rhône-Alpes

 Simon

P.-S. : Et Musso ? - En trois lettres P-L-C. -  Pas Les Chars.... - Le plus gros vendeur en France, hein ? - Décidément, je ne mourrai pas riche.

(La direction)

À +

Simon

u'on dit

  Herméningilde Pérec


Testament

Le Professeur me disait l'autre jour :

«Cher ami, vous vous en faites beaucoup trop quant à votre succession.»

(Sans doute s'est-il aperçu que j'ai rendu visite récemment plus que souventes fois à un ami commun - non pas qu'il le soit, mais nous sommes tous les trois de la même génération -, le notaire U. V. Delonparcours du haut de Rang Bas, près du Village-de-la-Belle-Élodie.)

«Vous devez vous demander où et comment l'on devra disposer de vos restes. Vous en êtes rendu, d'après ce que je peux lire dans vos pensées, presque au point de décider si vous devriez vous occuper du choix de votre cercueil !  -  Ne dites pas non, je vous en prie. - Une remarque cependant : cessez de vous inquiéter pour ce détail car vous devez tout de même savoir que vous ne serez pas là pour vérifier si l'on suivra vos dernières volontés... - Pensez à *** à qui l'on a fait des funérailles nationales il n'y a pas si longtemps ; il serait mort de honte s'il avait été encore vivant... -  Laissez aux autres le soin de vous faire une surprise car combien de fois avez-vous vu des volontés explicites être ignorées, comme ce fut son cas,  par ceux qui ont eu à s'occuper de ses funérailles... -  Personnellement, je crois que du haut des cieux, si ces cieux existent, vous et moi, et tous ceux qui nous suivront, aurons d'autres préoccupations que celle de savoir si on nous a incinérés, inhumés, momifiés ou  si on n'a pas pu retrouver nos corps après une catastrophe du genre tsunami, ouragan ou à la suite d'un explosion gigantesque.

«Vous savez ce que je me dis ? Que dans les quelques heures qui suivront nos trépassemenst, nos amis, parents et même ennemis, si nous en avons, se seront remis à penser à autres choses pour poursuivre leur propres chemins, ne serait-ce qu'à se lever le lendemain  matin, pour faire leur toilette, déjeuner, boire, aller travailler et finalement  se remettre au lit pour le surlendemain où ils recommenceront à discuter avec d'autres de la température, des problèmes de la circulation, des événements de la journée, de l'inflation et de leur propre succession. 

«Une semaine plus tard, ils seront peut-être surpris de noter qu'ils n'ont pas pensé à nous pendant presque toute une journée.

«Un mois, maximum deux, Madame Pérec, en ce qui la concerne - car je la connais - , fera comme toutes les veuves : elle aura retrouvé son sourire.

«Six mois plus tard, on parlera de vous comme si vous étiez disparus depuis des années.

«Et dans un an, on parlera de vous comme nous parlons, de notre vivant, des êtres qui nous étaient chers.

«Combien de fois vous êtes-vous inquiété de ce que les gens pensaient de vous ? - C'est simple : autant de fois que vous avez pensé aux autres...

«Vivez donc votre vie, cette vie beaucoup trop courte pour pour être à la merci des autres. Soyez vous-même, soyez qui vous êtes, soyez heureux.

...

Ce matin, je me suis levé et je me suis dit : «Mais je suis encore vivant ! Combien de jours encore me reste-t-il pour vraiment profiter de cette situation et de ne plus m'inquiéter ?»

Et j'ai bu tranquillement une deuxième tasse de café avant, comme me répète souvent paul, avec son significatif clin d'oeil, de m'attaquer à mes affligeants travaux.

Herméningilde Pérec

P.-S. : Un vieil ami m'a fait parvenir le contenu d'un article paru dans son journal local (il habite une banlieue de Londres) dans lequel étaient définies les caractéristiques des personnes âgées qui passent généralement leur temps seules :

Elles ont une conscience profonde de ce qu'elles sont.
Elles sont la plupart du temps indépendantes.
Leur vie intérieure est très complexe et variée.
Elles maîtrisent assez bien leurs émotions.
Elles se contentent de leur sort.
Leur empathie est souvent invisible. 
Elles ont un sens particulier de leurs limites.
Et elles ont une grande capacité d'écouter.

Cela m'a confirmé que j'étais encore très jeune.

  Jeff Bollinger

Votre appel est important...

Je commence peu à peu à partager l'opinion de ceux qui sont convaincus qu'un jour l'Intelligence Artificielle va contrôler le monde. Mais pas pour les mêmes raisons.

 Leur certitude découle du fait qu'au fur et à mesure que l'informatique se développera, les ordinateurs, grâce à la rapidité et leur capacité d'emmagasiner une somme infini d'informations, seront éventuellement en mesure de non seulement régler tous les problèmes, mais même prévoir ceux que la race humaine n'a pas encore découverts. Mon raisonnement va plutôt dans le sens contraire : c'est qu'au fur et à mesure qu'on nous forcera à répondre par des oui et des non à des questions de plus en plus stupides, nous allons devenir fous tandis que  l'IA aura atteint le niveau intellectuel d'un enfant de six ans qui est convaincu qu'il a raison.

Je ne sais pas si c'est par le manque de main d'oeuvre, l'abominable système d'éducation actuel, l'avidité des dirigeants d'entreprise ou tout simplement les effets de la Covid (qui a décuplé la possibilité du travail à la maison), mais il est devenu de plus en plus impossible de rejoindre au téléphone une personne capable de penser en dehors de paramètres que lui impose un logiciel susceptible de répondre à toutes les questions ;  bref de penser hors normes : de ces normes qui se résument à remplir des cases d'un questionnaire où il n'y a que deux, trois ou quatre solutions à un problème quelconque.

J'ai commandé il y a trois semaines un climatiseur du genre fenêtre chez un très gros détaillant qui m'a promis de le livrer trois jours plus tard sauf que, du modèle que j'avais choisi, la confirmation qui m'a été envoyée via courriel - 24 heures après - se lisait "modèle mobile" et pendant les deux jours où j'ai fait je-ne-sais-plus combien d'appels, je me suis fait dire que : a) on ne pouvait pas annuler une commande déjà en marche, b) qu'un bon de retour allait être émis et que c) une fois l'appareil livré, il faudrait attendre une journée avant que le livreur vienne le récupérer.

Est-ce que je dois vous donner le  nombre de fois où j'ai dû appuyer les chiffres 1, 2, 4, 3 ) 6 et 7) lors de mes tentatives de communiquer avec un être humain pour expliquer ma situation et ce qu'on m'a répondu après avoir appuyé sur chacun d'eux :

- Votre appel est très important, veuillez rester en ligne...

- Tous nos préposés sont présentement occupés...

- Votre appel pourrait être enregistré afin d'améliorer notre service

- ...

Qui que vous soyez, il est plus que probable que vous soyez passé par là.

En bref, : on m'a livré le mauvais appareil, quatre fois j'ai dû rappeler pour qu'on le récupère, une semaine il est resté devant ma porte et quand celui qui vint le récupérer, il fut fort étonné de n'en trouver qu'un seul alors qu'il en avait deux documents de ramassage.

J'ai bien dit "en bref" parce que comment résumer en quelques lignes quelque chose qui a dû me prendre des heures à régler. - Et encore : j'attends toujours - au moment où j'écris ceci - qu'on me rembourse la somme qu'on a immédiatement retirée de ma carte de crédit dès mon premier appel.

P(p)aul, de son côté, a dû récemment passer plusieurs heures avec pas moins de six assureurs avant d'en trouver un qui a pu comprendre qu'il n'habitait pas un local commercial mais bien un bureau  transformé en logis. - La raison ? C'est que les cinq premiers basaient leur décision à partir d'une photo vielle de six ans qu'ils examinaient chez Google Maps...

Jeff

P.-S. : J'ai oublié de vous dire que pour meubler le temps consacré à conserver ma priorité d'appel, on m'a à quelques reprises proposé quatre types de musique : pop, classique, contemporain ou hip hop...

   Fawzi Malhasti


Texte choisi

De honte et de pardon

Tu es venu en vie, sans une pause en moi, c'est vrai
Les jours immobiles comptent les heures
De nos plus lourds secrets
Et quand surviennent leurs cris
Dans l'air du temps, l'enfer sourit
Car tu as usé de mes peurs
Pour taire ses pleurs

Et si c'qu'on raconte est vrai
Je compterai mes regrets alors que tu défiles
Mon corps de tes mensonges
Tes lèvres quittent les miennes
Te rappelles-tu les siennes
Celles qui n'ont jamais pu énoncer ton nom
De honte et de pardon

Je pense aux marques que tu laissais
Aux bleus de nos étreintes
Pourrais-je retrouver les mêmes
Sur son corps éteint
Et quand surviennent leurs cris
Dans l'air du temps, l'enfer sourit
Car tu as usé de mes peurs
Pour taire ses pleurs

Et si c'qu'on raconte est vrai
Je compterai mes regrets alors que tu défiles
Mon corps de tes mensonges
Tes lèvres quittent les miennes
Te rappelles-tu les siennes
Celles qui n'ont jamais pu énoncer ton nom
De honte et de pardon.

Béatrice Martin
(Coeur de pirate
De son album : En cas de tempête, ce jardin sera fermé (2018))

 Fawzi

   Copernique Marshall

Hello news junkies !

Vous savez ce qu'est un news junky, n'est-ce pas ? 

C'est quelqu'un qui n'est jamais satisfait des informations que lui renvoient, jours après jours, d'heures en heures et même, parfois, de minutes en minutes, la radio, la télévision, divers sites internet et, de plus en plus, son téléphone "intelligent". 

C'est également quelqu'un qui insiste pour être au courant de TOUT ce qui se passe dans le monde ; de son quartier aux confins de l'univers en passant par les U.S.A, le Panama, et l'île Pitcairn. Non seulement ce qui s'y passe, mais ce qu'il va s'y passer. 

À noter qu'il s'intéresse rarement à l'histoire. 

Mais ce qu'ils, collectivement, peuvent en voir et même participer à ces tables rondes comme on en diffuse à la télé ; généralement autour d'un animateur sensé savoir poser les bonnes questions à des invités spécialistes à qui on demande de résumer des situations très complexes en une heure ou moins.

Les news juyinkies ? Ce sont également d'avides lecteurs de bouquins de huit cents pages qui décrivent comment ou pourquoi tout arrive ou tout est arrivé et même tout ce qui va arriver (et ce sans compter les biographies et les essais en tous genres).

À ces lecteurs de journaux sérieux, spectateurs d'émissions de télévision songées et attentifs auditeurs d'orateurs qui savent de quoi ils parlent, deux conseils :

1. - Rendez-vous à la bibliothèque de votre quartier et lisez les journaux d'il y a dix ans, vingt ans, cent ans et notez bien ce qu'on vous racontait sur ce qui se passait à l'époque et comparer à ce qui s'est vraiment passé.

Oh, oh, m'a-t-on dit il n'y a pas si longtemps, on ne peut pas comparer les journalistes de ces temps anciens à ceux d'aujourd'hui qui sont beaucoup plus renseignés, qui ils mènent de véritables enquêtes, qui savent questionner ceux qui savent, etc.

Ah oui ? Alors conservez les précieuses informations qu'ils vous fournissent présentement et relisez-les dans six mois.

Sur la politique américaine par exemple. - Dire que, hier encore, ils se posaient entre la question la plus importante de l'heure : qui allait gagner les élections de novembre : Biden ou Trump ?

Me font penser à ces économistes qui expliquent pourquoi ils se sont trompés dans leurs prédictions.

Personnellement, j'ai toujours en tête Proust qui se demandait pourquoi, en 1914, les victoires des Alliés se rapprochaient de plus en plus de Paris.

2. - Cessez de vous en faire avec ce qu'on vous prédit.

Pensez à Marc Twain qui disait que les plus grands malheurs qu'il a connus dans sa vie ne sont jamais arrivés.

Bon d'accord :

Ne lisant pas les journaux, n'écoutant presque pas les nouvelles à la radio et ne regardant à toutes fins utiles jamais les nouvelles télévisées, je vis dans l'ignorance totale et il se peut que, dans cinq, dix, vingt ans - ou demain matin -  je vois un champignon dans le ciel et que je me dise : "J'aurai dû me renseigner.

Mais non, il y aura eu quelqu'un dans mon entourage qui m'aura prévenu. Un de ceux, vous savez, qui sont au courant de tout. - Il en existe dans tous le milieux, particulièrement dans les bars comme le mentionne paul, aujourd'hui.

J'aime bien Simon qui m'a souvent dit qu'il avait plusieurs fois au fil des ans pelleté plusieurs centimètres de partiellement nuageux.

Et puis... tant qu'à y être... (Gracieuseté de paul) :

"T'en fais pas, Bouboule" chanté par Georges Milton dans le film "Le roi des resquilleurs" de Pierre Colombier (1930). Paroles d'Albert Willemetz et de René Pujol, musique de Casimir Oberfeld.

Georges Milton

(Resquilleur ? - Une personne qui se faufile dans un théâtre, à l'opéra, au cinéma ou un établissement sportif sans payer. - "Gate crasher" englais.)

Copernique


   Paul Dubé


Mal-entendants, écoutez-moi bien

Pas d'extrait cette semaine : qu'une remarque à propos de la musique qu'on entend dans les bars, restaurants, snackbars et autres établissements commerciaux.

Vous connaissez la légende concernant le plus célèbre chef-cuisinier de la première moitié du XXe siècle ? À la recherche, un jour, de vaisselles pour l'ouverture de son nouveau restaurant, La Pyramide, à Vienne, près de Lyon, Fernand Point, en compagnie de son assistant, arpentait les allées d'un fournisseur, brisant ici et là des assiettes en les frappant entre elles ou en les laissant tout simplement tomber sur le sol. - "C'est que dans tout les établissements où l'on sert à manger, des récipients vont inévitablement être en contact entre eux, autant que le son qu'ils produiront soit le moins désagréable possible..." dit-il au revendeur.

Décédé en 1955 (à 58 ans) Fernand Point n'a pas connu la rapide expansion vers à peu près la même époque de la firme Muzac qui, datant quand même d'une vingtaine d'années, eut l'idée de faire écouter une musique plus ou moins neutre  en Amérique puis dans le monde entier,  dans les ascenseurs [* ] puis petit à petit dans les halls d'entrée des grands édifices, les supermarchés, les magasins à rayons et finalement à peu près dans tous les endroits public.

[* ] D'où son appellation commune de "musique d'ascenseur".

Mais s'il ne l'a pas connu, on peut dire qu'il a été chanceux considérant ce qu'on peut entendre aujourd'hui, particulièrement dans les restaurants, bars et même dans les endroits où l'on vend n'importe quoi, surtout des vêtements pour jeunes

Ceux qui me connaissent savent que je suis un client assidu de restaurants. En fait, si j'en avais les moyens, j'y prendrai tous mes repas, matin, midi et soir. Quant aux bars, Simon pourrait vous en parler, mais je peux vous dire que nous sommes d'accord tous les deux sur une chose :

Que tous les restaurateurs  et propriétaires d'établissements où l'on sert des boissons
fermentées ou distillées sont sourds ou ne 
fréquentent pas les salles de concert.

En ce moment, je fréquente régulièrement trois restaurants dont un me fait le plaisir de réduire le son de la musique qu'il diffuse quand j'y fais mon entrée.

Je songe sérieusement à m'acheter un mégaphone pour passer ma commande dans les deux autres.

Autre chose : pourquoi les jeunes, cités ci-dessus, enfin : ceux qui parlent d'amour et de paix, s'habillent-ils avec des vêtements militaires ?

Et puis... dernière minute

Je voudrais préciser à ceux qui trouve démentielle ma collection - format mp3 - d'enregistrements qui se trouve sur le disque fixe de mon système informatique que je n'y copie que ceux dont j'ai au moins écouté une fois. 

En attente et en permanence, sont souvent des dizaines, voire même quelques dizaines, de CDs ou fichiers que je n'ai pas encore eu le temps de : soit les avoir entendus complètement, soit transformés en fichiers mp3 ou tout simplement non encore identifiés correctement.

C'est ainsi que, la semaine dernière, je suis tombé sur quelque chose datant de 1999 (25 ans déjà !) qui m'avait jusqu'à présent totalement échappée. De Francis Cabrel, la chanson titre de son album intitulé Hors-Saison que voici :

Francis Cabrel

Le clip officiel de cet extrait peut être visionné sur You-Tube à l'adresse qui suit :

https://www.youtube.com/watch?v=w6rCXOyF-sI

En deux mots ?

Une chanson comme on n'en fait plus depuis des années : la description d'un moment dans le temps. Pas d'émotion, que le temps qui s'écoule. - Un haïku chanté. - Bonne écoute !

Et pour ceux qui ne le savent pas encore :

Sur Internet, venez nous écouter le dimanche de midi à quatorze heures sur les ondes de radiophile.ca.

paul

 

Il y a dix ans dans le Castor


Le courrier

M. Andrew Wiles - Long Beach, California

2 à la puissance de 132,049 moins 1 - Deux jours. Avec l'aide d'un ordinateur Cray.

M. John Curse - Elloptic Island, Mass.

À l'UdeNap nous croyons au libre arbitre parce que n'avons pas le choix.

M. Nick Katz - Princetown, NY

Il est, en effet, difficile de décider, lorsque l'on est à la retraite, ce que l'on doit faire les jours fériés.

M. Roger Lesage - Limoilou, Québec

Nul n'a pu trouver encore pourquoi les lettres de l'alphabet sont classées dans l'ordre "A, B, C D, E..."

M. Richard Taylor, - Twoforth, Penn.

Depuis 1945 ? - L'aviation américaine a bombardé : la Corée, le Vietnam, le Laos, le Cambodge, le Liban, la Grenade, la république de Panama, l'Irak, la Serbie, la Somalie, la Bosnie, le Soudan, l'Afghanistan, le Pakistan, la Libye et la république du Yémen, mais NON l'Ukraine.

Ms. Marin Mersenne - Longbow, Devon

Une question fort embarrassante, en effet : avoir à choisir entre être riche et ignorant ou être pauvre et érudit.

M. John Wallis - Bigotville, Australia

Oui, George W. Bush devait lire jusqu'à quatre fois les discours qu'il devait prononcer car certains des mots qui s'y trouvaient pouvaient contenir jusqu'à trois syllabes.

Mme. Sophie Germain - Le Marais, Paris

Le révérend Chasuble nous signale que le tsunami du 26 décembre 2004, au Japon, n'avait rien à voir avec la vengeance d'un Dieu quelconque, mais qu'il avait des doutes quant aux événements du 11 septembre 2001.

Mr. Gerhard Frey - Berlin

Entre les tasses de thé, la chiromancie et les horoscopes, reste toujours la science.

Mr. Robin Hood - Forest Hill, Los Angeles

Pour faire du bien, il faut une personne de bien ; pour faire du mal, il faut une personne à l'esprit maléfique ; mais pour qu'une personne de bien fasse du mal, il faut une religion (Paul Hill).

Ms. Elaine Durocher - Le Plateau, Montréal

Oui, mais encore faut-il savoir commettre les bonnes erreurs.

Ms. Josée DesRoches - Centre-Sud, Montréal

- La baleine n'ayant qu'un seul côté ? -  Moebius Dick

- Un opéra western ? -  Oedipus Tex

- Il faut 10-6 téléphones pour fabriquer un microphone.

     et

- Les agnostiques-insomniaques-dyslexiques passent, en moyenne, 18 nuits par année à se demander si Duie existe.

La direction

Lectures


Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

 

Non mais...

D'abord une citation :

"Qui connaît vraiment les intellectuel.les du Québec hors, du cercle restreint des historiens et des littéraires ? Quelle mémoire avons-nous de tous ceux et celles qui, au Québec, eurent recours à la parole comme «mode d’action», de tous ceux qui, comme Hubert Aquin, entreprirent de «comprendre dangereusement» la culture et la société de leur époque et d’intervenir dans l’agora, remuant idées et images, bousculant parfois pouvoirs et doxa. Cest passionné.es des questions partagées (donc conflictuelles) tendent à glisser, avec leur héritage, hors de la culture commune. Sans doute est-ce là un phénomène croisant l'évanescence du sentiment historique, propre au «présentisme» postmoderne et la difficulté propre à l’histoire des intellectuel.les qui se conçoivent d’abord au présent, en fonction des discours contemporains, bien davantage que comme personnages historiques, éléments d’un patrimoine à partager, à étudier, à critiquer. Il n’y a donc pas lieu de s’emparer de ce fait pour fournir du grain à moudre au moulin de l’autoflagellation québécoise.

*

Allez, dites-le :

N'avez-vous pas été tenté à la lecture de ce qui précède de vous pâmer comme   Philaminthe dans Les femmes savantes de Molière et d'avancer : "Ah ! Que la beauté de ce texte est d'un goût admirable ! C'est, à mon sentiment, un endroit impayable   Mais en comprend-on bien, comme moi, la finesse ?"

 Ou vous êtes-vous dit, comme Armand-Jean du Plessis,  Cardinal de Richelieu (au mariage de la Stépède) : "What the f... is he talking about ?'

Les deux réactions sont possibles. Personellemnent, j'en ai eu une troisième sous forme d'une question que je vais vous poser, mais auparavant :

 Le contexte :

Il s'agit du premier paragraphe de l'introdution à un volume de près de trois cent cinquante pages publié en 2017 par la Presse de l'Université de Montréal grâce, entre autre, à l'aimable soutien financier du Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Quéec (SODEC) et dont le titre est : "Dictionnaire des intellectue.les au Québec."

Il n'est pas signé, comme toute l'introduction dont il fait partie d'ailleurs, mais, on peut, sur sa page de garde que tout le volume a été écrit sous la direction de :

    Yvan Lamonde
    Marie-Andrée Bergeron
    Michel Lacroix 
et Jonathan Livernois

qui ont bien pris soin de ne pas s'inclure parmi les nombreux les noms de ceux mentionnés dans leur ouvrage quoiqu'ils en ont signés plusieurs entrées, soit individuellement, soit en collaboration.

On peut supposer que collectiovement, ils ont rédigé son introduction (pages 7 à 22).

Ma question :

Qui, après avoir lu le premier paragraphe de cette introduction, avec ses agora, pouvoirs, doxa, présentisme, post-moderne et surtout son autoflagellation sera tenté de lire le reste ?

(Quoique certaines entrées comme Arthur Buies, Louis Fréchette, Claude-Henri Grignon et Gérard Pelletier ont attiré mon attention.)

Ma réponse :

Peu s'en fallut que..., mais par curiosité, j'ai décidé d'au moins feuilleter cet ouvrage et comme j'allais l:amener dans mes déplacements ou tout simplement la laisser sur mon bureau, j'ai pris soin de l'emballer dans une couverture fabriquée à partir d'un sac en papier tout-ce-qu'il-y-a-plus-de-neutre pour que l'on n'en voit pas le titre.

Simon

***

Molière et Le malade imaginaire

« Quel est le plus grand des écrivains de mon règne ? » 
demandait Louis XIV à Boileau. - «Sire, c'est Molière

Voici, sur Le malade imaginaire, une courte introduction rédigée par Voltaire pour, vraisemblablement, une édition complète des oeuvres de Molière devant paraître à la fin du 18e siècle mais qui ne semble n'avoir été jointe pour la première qu'en 1888 dans une  une Nouvelle Édition des Oeuvres complètes de J.-B. Poquelin (Molière) chez Calmann Lévy frères. - 

C'est du moins ce qu'on peut lire à partir de l'édition Kindle de l'Intégrale des écrits de Molière,

 «C’est une de ces farces de Molière dans laquelle on trouve beaucoup de scènes dignes de la haute comédie. La naïveté, peut-être poussée trop loin, en fait le principal caractère. 

«Ses farces ont le défaut d’être quelquefois un peu trop basses, et ses comédies, de n’être pas toujours assez intéressantes; mais, avec tous ces défauts-là, il sera toujours le premier de tous les poètes comiques.

[...]

«On demande pourquoi Molière, ayant autant de réputation que Racine, le spectacle cependant est désert quand on joue ses comédies, et qu’il ne va presque plus personne à ce même Tartuffe qui attirait autrefois tout Paris, tandis qu’on court encore avec empressement aux tragédies de Racine, lorsqu’elles sont bien représentées? 

«C’est que la peinture de nos passions nous touche encore davantage que le portrait de nos ridicules; c’est que l’esprit se lasse des plaisanteries, et que le coeur est inépuisable. L’oreille est aussi plus flattée de l’harmonie des beaux vers tragiques et de la magie étonnante du style de Racine qu’elle ne peut l’être du langage propre à la comédie; ce langage peut plaire, mais il ne peut jamais émouvoir, et l’on ne vient au spectacle que pour être ému. Il faut encore convenir que Molière, tout admirable qu’il est dans son genre, n’a ni des intrigues assez attachantes, ni des dénouements assez heureux: tant l’art dramatique est difficile !»

Tout à fait exact. À l'âge avancée où je suis, je ne me souviens pas d'avoir vu au théâtre plus que deux pièces de Molière : Les fourberies de Scapin et Les femmes savantes. Parce qu'on ne les joue plus ou. du moins, on n'en a pas présenté beaucoup au cours de cette longue période où j'allais au théâtre régulièrement. Et encore : je ne me souviens pas m'y être amusé. Par contre, je me rappelle avoir bien ri quand j'ai assisté à une représentation des Plaideurs de... Racine ! - Et je ne peux toujours pas regarder la plupart des films mettant en vedette Laurel et Hardy ou Buster Keaton sans rire. Allez y comprendre quelque chose.

Il me plaît cependant d'épousseter plus ou moins régulièrement, comme je l'ai fait récemment, une édition du théâtre complet de Mol'ière, illustrée par 280 dessins de Tony Johannot (parue en 1986 à Genève). qui fait partie de ces briques de mille pages dont on n'ose pas se débarrasser.

***

Pastiche, Proust, Maurois et Painter

D'abord ceci :

«Ce fut pendant un dîner au pré Catelan que M. De Norpois m'apprit que le gouvernement de la République avait décidé de le rappeler à l'activité et de l'envoyer comme chef de la délégation française à la Conférence de Londres sur les armements aériens. En félicitant l'ancien ambassadeur, je ne manquais pas de lui dire que je souhaitais depuis longtemps voir Londres et que sa présence en Angleterre serait pour moi une raison de faire enfin le voyage. Il me répondit, je crois, que les travaux de la conférence lui laisseraient malheureusement peu de loisirs, mais je l'écoutais mal car depuis un instant j'étais occupé à observer le violon solo qui, se détachant hardiment de l'orchestre et errant au milieu des tables comme une pointe d'avant-garde téméraire et sonore, restait pourtant, avec une étonnante exactitude, solidaire des mouvements et de la mesure de ses camarades, comme si un invisible quartier général avait par des ordres mystérieux et précis maintenu la liaison entre cet éclaireur mobile et le gros fixe de la trompe mélodieuse. Dès qu'un morceau était achevé, ce violoniste se penchait, l'archet baissé comme pour saluer de l'épée, vers les blondes Américaines dont les robes de couleur vives entouraient. telle une bordure de plantes vivaces. la plateforme de bois vernissé, puis. revenant vers ses camarades qui l'attendaient, curieux et tranquilles, il leur apportait sur l'ennemi dont ils apercevaient de loin sous les bosquets les feux de bivouac roses, les renseignements qui devaient leur permettre de déclencher une nouvelle offensive harmonique.

«Souvent, la tête renversée en arrière et les yeux noyés de bonheur, il caressait d'un archet complaisant de grand air de Paillasse ou celui de Samson et l'on devinait que sous le couvert de ses notes longues, appuyés, insistantes, il croyait violer impunément le cœur des hautaines jeunes femmes, tel un Julien Sorel, dont le conservatoire eût été le séminaire, lisant un mauvais roman d'amour à la fière Mathilde de la Mole.

Mais comme dix heures approchaient...»

Qu'est-ce que c'était ?

Un pastiche de Proust écrit par André Maurois, l'auteur d'un des premiers grands essais sur  À la recherche du Temps perdu intitulé À la recherche de Marcel Proust, sous le titre de Le côté de Chelsea à propos duquel Georges D. Painter, l'auteur de la première grande biographie de Proust, écrivit dans sa préface :

(Les références bibliographiques sont donnés à la fin.)

«Dans le charmant pastiche de Marcel Proust dû à la plume d'André Maurois, Le côté de Chelsea, le narrateur d'À la recherche du temps perdu visite l'Angleterre au cours de l'été 1928 en compagnie d'Andrée, l'amie de sa regrettée Albertine. Il descend au Hyde Park Hotel, se promène dans Londres, rencontre à l'occasion de déjeuners dans Chelsea, une partie de la noblesse et de l'intelligentsia anglaise de cette époque, tombe amoureux de la campagne du Surrey et, finalement, est épris du désir de rentrer en France.

En dépit de son aspect comique et ironique, ce pastiche n'est pas dirigé contre Proust bien au contraire il ne s'agit pas d'un travestissement hostile mais d'une évocation courtoise et affectueuse du vaste génie de Proust. Les longues phrases sinueuses, mais en même temps ordonnées et limpides, le style imagé et l'esprit, la mystérieuse et profonde émotion avec laquelle le narrateur aborde et assimile l'univers inconnu de l'Angleterre sont proustiens à un degré hallucinant. 

Commentaires

Je ne sais pas si j'ai déjà mentionné ici ou ailleurs, mais l'un des deux premiers livres que je conseillerais à quiconque voudrait s'intéresser à Proust serait, en premier, l'étude que Maurois lui a consacré à la fin des années quarante mentionné ci-dessus. Le second serait le Proust par lui-même de Claude Mauriac (le fils de François) paru en 1953 aux Éditions du Seuil, peu avant la première édition dans La Pléiade sous la direction de Pierre Clarac et André Ferre, en 1952-1954.

(Tel que mentionné plutôt, voir à la fin, pour les références, mais j'aimerais insister tout de suite pour mentionner que ces deux volumes se réfèrent à l'édition paru en 1947-49 et que leurs contextes sont difficiles à repérer sauf en format numérique).

Références :

Les deux volumes cités ci-dessus sont toujours disponibles en libraire :

Le côté de Chelsea d'André Maurois, avec la préface de Painter,  originellement paru chez Hachette en 1967 (144 pages), a été réédité (90 pages) chez l'Arbre Vengeur en octobre 2023.

Quant à À la recherche de Marcel Proust, paru chez Hachette en 1949 ou peu avant (mon édition - cinquantième mille - date de 1960 - 348 pages), il semblerait que sa dernière parution ait été publiée chez Mémoire du livre en 2003 (400 pages).

Pour la biographie de Proust par Painter :

Sa première parution, traduite de l'anglais et préfacée par Georges Cattau a eu lieu chez  Mercure de France (2vols.) en 1966-1968. Une édition revue, en un volume, corrigée et augmentée d'une nouvelle préface de l'auteur est parue encore une fois chez  Mercure de France en 1992, puis, en 2008), chez  Tallandier, coll. «Texto».

Et pour les autres volumes voir «Que lire sur Proust ?»  et «Lire Proust, oui, mais dans quel édition ?» déjà paru ici dans le cadre d'un Point de vue personnel.

***/

Mois prochain:

Marie-Claire Blais en dix pages...

et

Hubert Aquin en dix mots

 

Dédicace


Cette édition du Castor est dédié à :


Virginia Woolf
(1882-1941)

Pages recommandées


Toulouse-Lautrec
L'oeuvre lithographique complète

Schubert
un essai de Paul Dubé
94 extraits sonores, 45 photos, 5 vidéos, 7 annexes et de nombreux liens.

Éphémérides
L
à où s'accumulent les inclassables

Best Sellers et Prix littéraires
Une causerie autour
de la lecture

René Char
Un essai à la Simon Popp

Marcel Proust
Une suite à une causerie animée
par Paul Dubé en la Librairie Côté Gauche
le cinq mai 2022

Parmi nos autres pages :

Aceto, Le Caraguay, Aksoum, Les Coteaux


Et les toutes dernières :

Extraits du dictionnaire du Grand Marshall

Le mot de la fin


«Un jour que l'incorrigible André Gide perverti de quelques caresses un jeune habitant de l'Afrique du Nord colonisée par la France, il avait renvoyé le petut garçon à son village en le gratifiant d'une grosse pièce d'argent accompgnée de cette recommendation : "Et surtout, mon brave petit, n'oublie jamais combien Monsieur Mauriac a été généruxavec toi."

«Connaissant l'efficacité avec laquelle les bonnes nouvelles sont partagées dans les villages arabes, on imagine avec quelle rapidité l'information se répandit. »

François-Cavier Testu - « Le bouquin des méchancetés»
Robert Laffont, 2014 - page 435      

Photo du mois


     
Karl Lagerfeld
(1933-2019)

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Note : 

Le Castor™, entièrement subventionné par les Éditions Vatfair-Fair de St-Romuald d'Etchemin, ne perçoit aucun paiement, ni faveurs, ni considérations spéciales de la part des établissements ci-dessous mentionnés.


Toujours se renseigner (heures d'ouverture, etc.) avant de se rendre sur place 

Burgundy Lion
2496 ouest, rue Notre-Dame
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McBroue
329 rue Victoria
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http://mcbroue.com/

 
Club Touriste  
133, rue Victoria,
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Librairie Côté gauche
33 rue du Marché, 
Salaberry-de-Valleyfield, Québec
Heures d'ouverture : mercredi au samedi de 12h30 à 17h30
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***

Et sur rendez-vous seulement :

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Tour Marshalluk - Quartier Universitaire - Napierville

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F. Charles Rein
Aurist & Acoustic

Instrument Maker

223 Baker Street
London, NW1 6XE

Notes et autres avis :


Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.

De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.

Nous rappelons à notre aimable clientèle que :

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2 - L'édition corrigée du Castor™, destinée au marché américain, paraît dans les jours qui suivent.

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Note : Monsieur Marchioro est également responsable du nouvel entête du Castor™.

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