Résumer la vie de ce personnage à sa chanson
fétiche, «Le Rapide blanc», à laquelle on ajoute parfois «Y mouillera plus
pan'toute» ou «Le Rocket Richard», serait bien dommage car on lui doit bien plus que cela. - Il suffit, parfois, dans une soirée, de fredonner quelques unes
des dizaines et dizaines de chansons dont il a écrit les paroles, la plupart du temps
sur des airs déjà connue, pour que, invariablement, quelqu'un se souvienne
sinon des paroles exactes, du moins du refrain que tous pourront reprendre en coeur après une
seule audition.
Sans prétention, il fallait le voir monter sur scène et quelques minutes lui suffisaient pour déclencher le rire et la bonne humeur partout où il donnait son "tour de chant".
Originaire de l'Estrie mais ayant vécu la majeure partie de sa vie à Ste-Étienne-des-Grès
(au nord de Trois-Rivières, au Qébec), il a débuté dans la chanson très jeune suivant en tournée diverses troupes
de folkloristes, d'orchestres country, de chanteurs du "bon-vieux-temps", composant tout au long de sa vie - et jusqu'à la toute fin - des rengaines inspirées d'événements courants
("Le Pont de Trois-Rivière"), de personnages en vue ("Le Rocket Richard"), de petits faits de la vie ("Les Parcomètres") ou
à partir d'expressions courantes ("Tape la bizoune", "Les Affaires sont slaques", etc.).
Son inspiration venait de partout : airs folkloriques, airs à la mode, petits refrains entendus ici et là... quand il ne mettait tout simplement pas de nouvelles paroles
sur des chansons déjà connues ("Don't Be grouille", "Connaissez-vous ma blonde" et même "Y mouillera plus pan'toute" qui ne
sont que des adaptations de : "Don't Be Cruel" et "Hound Dog", rendus célèbres par Elvis Presley et de "It Ain't Gonna Rain No Mo'"
de Wendy Hall - 1923).
Cliquer sur la note pour entendre un extrait de ce dernier titre : 
Sa verve, par contre, ne tarissait jamais et l'entendre jongler avec des onomatopées ou des mots inventés de toutes pièces "pour la rime" demeure un pur délice.
Son grand succès vint avec l'enregistrement, en 1954, de son "Rapide Blanc" dont Luc Lacoursière a amplement commenté dans « La transformation d'une chanson folklorique :
du Moine Tremblant [1] au Rapide blanc » (Recherches sociographiques, vol. l, nº 4,
octobre-décembre 1960, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, p. 401- 434) à propos duquel il dit avoir été inspiré d'une chanson entendue alors qu'il était très jeune mais, comme dit
Lacoursière, cela n'explique pas la disparition du moine de cet air issu de la fin du Moyen-âge ni le "Wing à hein" visiblement inventé de toutes pièces par un Oscar Thiffault qui en
avait, de ces onomatopés, plus d'un dans son sac :
"Et moi ça me tique-tique-tique
Et moi ça me tentait..."
("Moi, ça me tentait")
"Watch ton parco-tire-tire-lire
Watch ton parcomètre..."
("Les parcomètres")
"J'ai descendu la rivière
Zing, zing, zing la musique jouait..."
("Quasimodo")
"Parlons d'amour
Boire à son tour
Boire à son tire-tire-lire
Boire à son tour-relou-reloure
Boire à son tour..."
("Boire à son tour")
"Je joue de la flûte
Turlu-tu-tute..."
("Je joue de la flûte")
Parfois, l'expression, la façon de prononcer ou la transformation d'un mot
les remplaçaient. C'est le cas de :
"Les affaires sont slaques, slaques, slaques
Les patates sont plates, plates, plates..."
("Les affaires sont slaques")
"Tiens-toi bien perruque, perruque
Tiens-toi bien perruque à marsouin..."
("La perruque")
"Tu l'entends pas ce mot damné
Tu l'entends pas ce mot latin..."
("La poule à Collin")
"Marie Quantité dominette
Marie Quantité domine..."
("La Salope")
"J'me promenais par ci, par là
Avec ma canne pis ma jambe de bois..."
("Le barbu")
Quand ce n'était pas le refrain complet qui n'était là que pour les sons :
"L'as-tu fait épignoler
L'as-tu fait mouiller
L'as-tu fait dépayser
Rigodez, rigodon, rigodai-ai-ne
Touchez-on, touchez pas
Touchez-y, touchez-y pas
Laissez ça là, maman veut pas
Pis le bonhomme le savait pas
Pis tape la bizoune
Et pis tapoche la bizoune
Et pis tapoche encore
Et pis tapoche toujours
Moi, j'dis pas ça pour faire des farces
Moi, j'dis pas ça pour rire..."
("Tape la bizoune")
(Car Oscar Thiffault ne s'est jamais gêné pour tomber dans le "nonsense".)
Dépendant de l'auditoire, les mots pouvaient même varier d'une interprétation à l'autre. - Voir ci-joint,
côte à côte, deux interprétations de ce "Tape la bizoune".
On peut, à partir de ces exemples, lui reprocher une trop grande facilité mais c'est peu connaître le génie de cet homme qui, en quelques heures, pouvait rédiger un texte, une chanson qui,
après deux auditions, restait accroché dans la mémoire de tous ceux qui les
avaient entendus.
Son "Rapide Blanc", à cet égard, est l'exemple parfait d'une chanson que bien rares sont ceux qui, dans la province de Québec, n'en savent pas par coeur - et l'air, et les
paroles -, cinquante ans après sa création. - Même chose pour "Le Rocket Richard" ou "Y mouillera plus pan'toute".
De son vivant, il était déjà une légende.
Ont interprété des chansons d'Oscar Thiffault :
Aglaé
Dominique Michel
Marcel Amont
Beau Dommage
La bottine souriante...
Parution initiale du "Rapide Blanc" :
78 tours d'Oscar Thiffault. (1954, Apex, 17084-B)
Disques encore disponibles en 2005 :
Oscar Thiffault MCA (MCAD-10492)
Le Rapide Blanc; Le Rocket Richard; Si tu maries ma fille; Les fréquentations; L'enterrement de Nicodème; La Cabane à sucre; C'était un capitaine; Les petites
patates; Je parle à la française; En passant par Matawin; J'ai fait une banqueroute; Le nouveau Wing à Hein; Au pays de Bill Wabo; J'ai perdu ma blonde; Embarque dans ma voiture.
Oscar Thiffault (Ami-5-1001)
Y mouillera plus (pan'toute); Je me roule; La chanson des prunes; La perruque; Le corps dur; les oreilles molles; Les grèves; Woah! Ferdinand; La salope; Le perroquet; La
poule à Collin; Quasimodo; Pot pourri; Le jour de l'an.
Oscar Thiffault, une légende (DEP Enc-4-3021)
Y mouillera plus (pan'toute); Woah! Ferdinand; La poule à Collin; Le Rapide blanc; Je me roule; La chanson des prunes; Passe la bouteille; Moi ça me tentait; C'est le
temps du Jour de l'An; Don't Be grouille; Les grèves; La salope; Le perroquet; Quasimodo; Boire à son tour; La perruque; Tape la bizoune; Connaissez-vous ma blonde; La cabane à sucre; Les
affaires sont slaques; Les r'licats du Jour de l'An; Un chien comme ça.
Film :
Oscar Thiffault - Réalisateur : Serge Giguère - 1987 - Production du Rapide Blanc - 56 minutes. - (Gagnant du Prix André Leroux.)
Extraits sonores :
(Cliquez sur la note)
La chanson des prunes
(version intégrale : 1m27)
Tape la bizoune 
Si tu maries ma fille
(Tout d'un coup tu maries ma fille) [2] 
Note :
Les parcomètres 
Le Rapide Blanc 
[1] Communauté d'origine inconnu - voir à Communautés
religieuses (note du traducteur)
[2] Les paroles de cette chanson
sont des variations d'Oscar Thiffault sur un reel intitulé «Le reel du
p'tit cordonnier» qui faisait partie du répertoire de Tommy
Duchesne mais qui
a été repris sous différents titres notamment par Moïse Fillion à l'harmonica.
- Voirà
notre sous-site sur la MUSIQUE TRADITIONNELLE QUÉBÉCOISE (Éric
Lortie).