Leon Bix Beiderbecke est né au 1934 Grand Avenue, Davenport, Iowa, le 10 mars 1903, troisième enfant d'une famille d'immigrants allemands
installés dans la région depuis deux générations et propriétaire de la East Davenport Lumber and Coal Company.
Son père s'appelait Bismark, son grand-père, Carl. - Son père qu'on avait
surnommé «Bix» avait déjà surnommé son premier fils (Charles) «Bix». - Dans la maison, les deux étaient connus sous les noms de «Big Bix» et «Little Bix». - Jusque là, tout allait
bien mais quand Leon vint au monde, «Big Bix» insista, pour des raisons qui sont demeurées obscures, pour que ce deuxième fils porte officiellement le nom de «Bix». - C'est sous ce nom - et
non surnom - que ce futur cornettiste-pianiste-compositeur allait passer à la postérité.
À trois ans, il savait jouer du piano. À sept ans, «Little Bickie» faisait déjà la manchette du
Democrat local qui annonçait avec fierté que la ville de
Davenport avait son prodige : un jeune musicien qui, sans avoir suivi un seul cours de musique, pouvait jouer
n'importe quoi sur le piano familial et non seulement n'importe quoi
mais des mélodies qu'il n'avait entendues
qu'une seule fois.
Un certain professeur Ernest Otto voulut bien prendre sous sa tutelle ce jeune phénomène mais, après quelques leçons, comprit vite que le jeune Bix n'avait aucun
intérêt dans le solfège et dans ce qu'il connaissait, lui, de la musique.
Un autre professeur, Charles Grade de Muscatine (environ 40 kilomètres à l'ouest de Davenport) fut appelé à la
rescousse. Après quelques semaines, on s'aperçut que «Little Bickie» ne s'intéressait pas plus à sa technique d'enseignement : plutôt que de suivre ses leçons, il ne faisait que répéter,
note pour note, ce que l'autre lui jouait, fausses notes comprises. - Et c'en fut fait des études musicales de Leon Bix Beiderbecke.
En 1918, de retour de l'armée, son frère, Charles arriva à la maison avec une machine bien intrigante : un gramophone. - Sur ce gramophone, il fait jouer à son frère des
disques d'un certain groupe connu sous le nom de Original Dixieland Jazz Band. - C'est, pour Leon, la découverte
- À partir de ce moment-là, il consacre ses loisirs à
l'apprentissage du cornet, cet instrument avec lequel, le leader du groupe,
Nick LaRocca, improvisait exactement ce qu'il entendait depuis des années.
En 1921, ses parents l'enregistrent au Lake Forest Academy de Chicago où, tout près, il peut aller entendre les
New Orleans Rhythm Kings.
En 1922 - il n'a que dix-neuf ans - il est expulsé de son collège : son seul intérêt : le jazz.
Dès 1923, il fait partie de divers groupes dont un qui allait être connu sous le nom des
Wolverines où il deviendra non pas le chef - Bix n'a que faire des
contrats et des engagements - mais le musicien-clé.
Ses premiers enregistrements datent de 1924. En 1925, il signe son premier chef-d'oeuvre :
Davenport Blues.
En 1927, avec divers groupes (Bix and his Rhythm Jugglers,
Frankie Trumbauer and his Orchestra, Tram Bix and Lang, Bix
Beirdebecke and his Gang...), il enregistre ses grands classiques : Sorry,
Riverboat Shuffle, Singin' the Blues...
Mais déjà, il est atteint du mal qui allait l'emporter : il boit.
Sa renommée est grande. Paul Whiteman consent à l'engager en tant que premier cornettiste dans son orchestre malgré que son nouvel employé sait à peine lire la musique.
Bix s'y ennuie prodigieusement (diverses sources laissent sous-entendre cependant qu'il y est très heureux, ce qui ne l'empêche pas de boire tout autant prodigieusement). -
À la fin de 1929, il est hospitalisé pour être désintoxiqué mais rien en va plus. Dès sa sortie, il s'est remis à boire et joue là où on veut bien de quelqu'un qui respectera peut-être ses
engagements - En 1930, il joue épisodiquement pour les orchestres de Hoagy Carmichael et d'Irving Mills puis se joint à l'orchestre
formé par Charles Prévin pour une
émission de radio : The Camel Pleasure Hour. - Il y fait ses derniers enregistrements, se contentant parfois de ne jouer que les premières mesures d'arrangements plus ou moins inspirés.
Il quitte Prévin en octobre de la même année et, d'orchestres en orchestres, il continue à vivre une existence de plus en plus marginale. À la fin de juillet, il
contracte une pneumonie et meurt le 6 août suivant.
Sa vie a inspiré divers romans, un film (Young Man with a Horn de Michael Curtiz - 1950 [avec Kirk Douglas dans le rôle-titre - sic]) et diverses biographies dont l'excellent
Bix Man and Legend de Richard Sudhalter, Philip R. Evans et William Dean
Myatt et les précieux souvenirs de Ralph Berton, Remembering Bix. (références ci-dessous).
Quant à ses enregistrements, ils sont nombreux et continuellement disponibles depuis plusieurs années. - Celui que nous recommandons, outre le depuis-longtemps-épuisé
double-album sur Milestone (Bix Beiderbecke and the Chicagoans Cornet - M-47019 [1974]), est un CD paru en 1988 mais toujours disponible intitulé
Bix Beiderbecke Bixology sur étiquette Giants of Jazz, numéro 53017.
De Bix, nous entendrons, au cornet :
Davenport Blues enregistré le 26 janvier 1925 (Bix and his Rhythm Jugglers) avec : Bix au cornet, Tommy Dorsey au trombone, Don Murray à la clarinette, Paul Mertz
au piano et Tommy Gargano à la batterie.
Singin' The Blues enregistré le 4 février 1927 (Frankie Trumbauer and his Orchestra) avec : Bix au cornet, Bill Rank au trombone, Jimmy Dorsey à la
clarinette, Frankie Trumbauer au saxo, Paul Mertz au piano. Eddie Lang à la guitare
et Chauncey Morehouse à la batterie.
Riverboat Shuffle enregistré le 9 mai 1927 (Frankie Trumbauer and his Orchestra) avec : Bix au cornet, Bill Rank au trombone, Don Murray à la clarinette, Doc Ryker
et Franlkie Trumbauer au saxo, Irving Riskin piano. Eddie Lang à la guitare et Chauncey Morehouse à la batterie.
Sorry enregistré le 25 octobre 1927 (Bix Beiderbecke and his Gang) avec : Bix au cornet, Bill Rank au trombone, Don Murray à la clarinette, Adrian Rollini au saxo,
Frank Signorelli au piano et Chauncey Morehouse à la batterie.
Et, au piano :
In a Mist enregistré le 8 septembre 1927.