Vol. XXXII,  n° 1 -v. 3.1 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 6 septembre 2021

SEPTEMBRE

LA RENTRÉE


Votre première visite sur le site de l'Université de Napierville ?

Lisez cette page : Un monde à découvrir

 
Ce numéro :

Carl Sagan, Giraudoux, Carol Reed, Claudel, Ronsard, Dostoievski, Racine et Molière, John Ruskin, Ludwig Wittgenstein, Bertrand Russell, Carl Sagan, Tchekhov, Louis-Ferdinand Céline (mais en anglais), Cicéron, Giraudoux, Henry James, Shakespeare, Shelby Foote et Walter Percy, Chopin, Pline le jeune, Wodehouse, Edna St-Vincent Millay, Nietsche, Augustin Barrios, Alain (Émile-Auguste Chartier), Graham Greene, Hamshami Yamachimi, Socrates, Mark Twain, Jackie Mason, Berta Rojas, Aragon, Georgius, saint Augustin, Lou Abrams, The Beatles, The Rolling Stones, Sacha Guitry, Rémi Tremblay, The Beach Boys, les Compagnons de la chanson, Beethoven, les Frères Jacques, Monteverdi, les Djinns, Dante, Pierre et Denis, William Boyd, Bach et Laverne, The Four Aces, the Four Diamonds, The Mill Brothers, Proust, Moncrieff, les Chaussettes noires, les Chats sauvages, les Pirates, les Hou Lops et les Gendarmes, César et les Romains, les Classels, les Têtes blanches, Bruce et les Sultans, Harmonium, les Colocs, Offenbach, Beau Dommage, les Bel Airs, Les Pingouins, les Pirates, Amor Towles, Lénine, Malraux, Kessel, Ian Fleming, Hemingway, Motherwell et Pollock, le duc de Windsor, Joyce, Virginia Woolf, Aldous Huxley, Picasso et Simone Signoret, Virgile, Henry James et Charlie Watts.

Nous tenons à préciser cependnant que, malgré son intérêt, l'étude de notre collègue sur :

 La législation concernant le transport des marchandises périssables dans le secteur mord-ouest de l'Angleterre au XVIIe siècle et sa pertinence dans le contexte hiérarchique de sa société pré-industrielle et son impact sur l'avenir de l'organisation par secteurs dans une économie agraire en expansion

... n'a pas pu, à cause de longueur, être insérée en nos pages. - Sa version abrégée devrait être disponible d'ici un an ou deux.

Bonne Lecture !

Éditorial  

Rentrée 

Rock n' Roll.

Jamais aurions-nous pu croire, il y a quelques mois, que cette expression issue d'une musique que certains ont jugé infernale (voir la chronique ci-dessous de notre disc jockey Paul Dubé) allait servir à décrire ce que sera sans doute la "rentrée" cette année. 

Et pourtant, compte tenu de ce qui se dit, ce qu'on entend à droite et à gauche, ce qu'on peut lire dans les journaux, ce qu'on diffuse à la télé et même ce qu'on écrit dans les magazines si spécialisés que personne ne les consultent, il est plus que probable que la rentrée à l'Université de Napierville sera - car elle sera en train de se dérouler au moment où vous lirez ces lignes - plus rock n'rolleuse que jamais elle ne le fût.

Notre prévision ? Il n'y aura pas de défilée. Ni devant les anciens, ni devant les masters, ni devant les résidents (emeritus ou non) et malheureusement pas non plus devant notre éminent recteur le Professeur Marshall. Qu'une série de guichets devant lesquels des centaines d'étudiants, en principe admis, devront répondre à des questions parfois générales, parfois plus spécifiques et mêmes (nous avons vu la liste) downright, comme disait Voltaire, intimistes :

  • Avez-vous, oui ou non, jusqu'à ce jour été victimes de la Covid-19 ?

  • Avez-vous été en contact récemment avec une victime de la Covid-19 ?

  • Avez-vous dans votre famille des admirateurs de Trump ?

  • Est-ce une personne en qui vous avez confiance ?

  • Provenez-vous de l'Afghanistan ?

  • Seriez-vous athée ?

  • Etes-vous en couple ?

  • Quelle est l'occupation de votre conjoint(e) ?

  • Avez-vous été vacciné ?

  • Si oui, combien de fois ?

  • Porterez-vous un masque en permanence sur le campus ?

  • Est-ce que vous allez vous objecter à des tests de dépistage ?

  • ...

Et ainsi de suite avec le "passez-à droite" ou le "passez à gauche" selon la ou les réponse(s).

"Mais nous allons nous retrouver qu'avec une poignée d'étudiants !" nous a dit notre chef-statisticien.

Exact.

Nous deviendrons, selon la conception même de son fondateur, une maison d'éducation virtuelle, ce que, de toutes façons, nous avons - ce que plusieurs se sont aperçu au fil des ans - toujours été.

La direction

Chroniques  

Les chroniques précédentes de nos correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.

  Herméningilde Pérec


Vieillir

«Les vieillards ne sont jamais jeunes»
(Georges Guibourg dit Georgius)

L'on dit souvent que les différences d'âges s'estompent avec le temps. Que les personnes entre soixante-dix et quatre-vingts ans ont plus en commun que ceux qui en ont vingt et trente. Pour ma part, je crois que c'est un peu faux. À soixante-dix ans, on se croit presque aussi sage que ceux qui en ont quatre-vingt et ceux qui en ont quatre-vingt se croient tout aussi jeunes que ceux qui en ont soixante-dix. Voire même soixante.

Vous savez, dix ans d'expériences, de souvenirs divers, de choses qui nous sont arrivées, c'est beaucoup. Sauf si son activité consiste à répéter les mêmes gestes, lire les mêmes journaux et ne jamais changer ses habitudes. Alors là, le temps passe très vite et l'on se réveille, un jour, en se demandant ce qui a bien pu nous arriver en non seulement dix, mais en vingt et même trente ans.

J'ai connu beaucoup de vieillards qui se croyaient encore jeunes parce qu'ils "suivaient la mode". - Les modes. - Ils étaient au courant de tout ce qui se passait dans le monde, ne manquaient jamais le Festival du Jazz de Montréal, étaient de toutes les fêtes,  s'intéressaient encore à la politique et portaient des vêtements que certains, plus jeunes, avaient cessé de porter dix ans auparavant.

C'est un phénomène qui semble s'être développé avec l'émergence des baby-boomers qui, le temps d'atteindre leur trentième anniversaire, se sont crus rois et maîtres du monde parce qu'ils ré-inventaient tout : la musique, la peinture, le théâtre, le cinéma, les sorties en groupe, la culture hydroponique... jusqu'au mariage. - Qui, parmi vous, n'a pas connu la nouvelle cuisine et son porc au chocolat, ses schnitzel de langue de boeuf au raifort sur colcannon, ou ses patisseries sucrées-salées  ? - Ils sont encore nombreux sauf qu'ils ont aujourd'hui cinquante-cinq, soixante, soixante-dix ans. Mettons quarante-cinq pour englober leur progéniture.

L'espérance de vie a beaucoup augmenté depuis les cinquante et même cent dernières années et les comparaisons qu'on peut faire entre un homme ou une femme de cinquante, soixante ans et ceux d'aujourd'hui peuvent nous induire en erreur. Suffit de regarder des photos de mariage ou de célébration quelconque pour se rendre compte que, dans les années quarante, les vieillards (j'hésite à me servir de ce mot... disons : les plus vieux) ont une une cinquantaine d'années. Aujourd'hui, quels âges ont-ils ? Soixante-dix ans ? - Bravo, mais dans quel état sont-ils ? Physiquement, probablement mieux que leurs prédécesseurs. Pour le reste, je me demande.

Simon, l'autre jour, m'a refilé le titre d'un livre qu'un ami lui a suggéré il y a quelque temps :

 Un gentleman à Moscou d'Amor Towles (Fayard)
Traduction de A gentleman in Moscow, paru aux USA en 2006

C'est l'histoire d'un comte russe, le Comte Alexandre Illich Rostov, qui, en juin 1922, est condamné par le Commissariat du Peuple à une assignation à résidence à l'Hôtel Métropol, face au Bolchoï et qui y mourra 32 années plus tard, en 1954

Vous pourrez en lire plus sur le site "Culture-Tops" à l'adresse qui suit :

https://www.culture-tops.fr/critique-evenement/romans/un-gentleman-moscou

N'ayant qu'une culture littéraire limitée, je ne saurais vous le recommander ou non, mais il a attiré mon attention par ces simples mots que Simon m'a dit en me le remettant : "Ça vous expliquera qui vous êtes devenu..."

Habitué aux remarques impertinentes (j'allais écrire "insolentes", mais le mot "impertinentes" est plus juste, du moins plus que "insolentes" ou "surprenantes"), j'ai cru que c'était une blague de sa part sauf que, après en avoir lu plus du tiers, je me suis aperçu que ce livre était tout-à-fait en adéquation avec ce que je pense depuis longtemps :

Que je suis d'un monde qui n'existe plus.

Et mes conseils à ceux qui me suivent, quoique justes et raisonnables n'ont plus cours.

La question qu'on pourrait, dans mon état, être posée est : si je m'y ennuie.

Non, pas du tout. Ce qui m'inquiète, c'est de ne plus avoir personne à qui en parler ou prêt à m'écouter.

«I am an old man» disait Mark Twain vers la fin de sa vie, en ajoutant cependant : «I have known a great many troubles  -  but most  of them  never happened.»

Je suis un vieil homme et j'ai connu beaucoup de problèmes - mais la plupart ne se sont jamais produits.») (*)

Essayez d'expliquer ça à un jeunot de quarante ou cinquante ans

H. Pérec

(*) Cette citation a été retenues pour le mot de la fin de cette édition du Castor™.

    Simon Popp

To labour under the misconception that...

Je ne me souviens plus exactement quand, ni où, j'ai entendu cette expression anglaise qui, traduite littéralement, voudrait dire "travailler à partir d'une fausse idée" ou "n'ayant pas exactement compris que...". - Je l'ai vu, traduite par "croire encore...", "penser à tort", "s'imaginer que...", "être sous la fausse impression", "ne pas avoir saisi exactement la situation...". - Tout dépend du contexte. naturellement, mais il m'a toujours semblé qu'en concentrant leurs efforts sur la deuxième partie ("under the misconception"), la plupart des traducteurs ont oublié le sens profond de sa première, "to labour",  qui laisse sous-entendre un "travail" ("work" en anglais"), mais pas n'importe lequel : un travail pénible, qui exige beaucoup d'effort, un travail... laborieux.

C'est en ce moment le genre de réflexions qui me vient quand je constate le nombre de pirouettes auxquelles ceux qui sont contre le vaccin anti-covid doivent recourir -  pirouettes qui n'ont de plus en plus ni queue ni sens - pour contrer les évidences en faveur de ce que mondialement les ceussent qui s'y connaissent ne cessent de proclamer : sans vaccin, la Covid-19  continuera à se répandre et, individuellement, ceux qui ne sont pas vacciner mettent leur vie en jeu pour des principes qui, dans ce cas précis, ne tiennent pas la route.

Faut dire que ceux qui sont contre les mesure proposées contre le réchauffement de la planète ne sont pas plus brillants. 

Une coïncidence : aux USA, les deux semblent habiter dans les mêmes états.

Faut dire que ce n'est d'hier pas que datent ces incongruités. Il aura fallu des siècles avant qu'on admette que la terre est ronde et qu'elle tourne autour du soleil. Quant à la création du monde en sept jours, l'arche de Noé et - je sens que je vais me faire tomber dessus - la résurrection d'un homme né d'une vierge est toujours d'actualité.

A se demander comment ceux qui croient la terre plate peuvent expliquer les atellites de communication...

*

 Tempus fugit

«Ce que j'ai oublié, vous ne l'avez pas encore appris.»
(L. Abrahms, 80 ans)   

J'ai toujours aimé les sondages. Ça m'a toujours donné l'occasion d'utiliser mes cellules grises :

  • Pourquoi les gens votent pour untel ou pour un autre ?
  • Quel type de personnes peut bien regarder à la télé tel ou tel quiz ?
  • Qui c'est qui croit encore aux limbes ?
  • Combien de gens sont convaincu que X fut un des grands premiers ministres de la France ?
  • En quelle année la moitié des êtres humains vivront sur Mars ?
  • .etc.

 Aussi, quand un ami m'a fait part du résultat d'un mini-sondage auquel il a participé, dans un bar (sic) de son quartier, à savoir ce qui "menait le monde" aujourd'hui et qui se lisait comme suit...

  • Le sexe
  • Le pouvoir
  • L'argent
  • L'amour
  • La liberté

... je me suis dit qu'il était grandement temps que je passe à autre chose. 

Depuis quelques jours, je consulte les petites annonces dans le journal qu'on distribue gratuitement dans mon quartier et qui me renseignent sur les activités auxquelles les gens de ma génération participent.

Entre les cours de mise en forme, le jardinage, la danse sociale, le yoga (paraît qu'on a un Hamshami Yamachimi pas piqué des verts dans mon coin), le bingo, le bowling et la visite des musées des environs, je me demande ce qui a bien pu arriver au projet de macramé...

Tant qu'à perdre mon temps...

***

Auto, loto, audio et bibelots

Mon comptable (car j'ai un comptable !) vous le confirmera : je n'ai jamais été un crac en ce qui concerne les finances ; toutes les finances. Y compris celles qu'on pourrait appeler domestiques et l'autre, qu'on dit professionnelles

Que j'aie réussi à mettre de l'argent de côté pour ma retraite relève plus de la chance que de l'astuce. Car, à ce que les frères A. et C. Skonmadit m'ont déjà affirmé, j'ai suffisamment d'argent en ce moment pour vivre sans me soucier de mon avenir... du moins, comme disait Jackie Mason, jusqu'à me vienne l'idée de m'acheter quelque chose. Je ne sais pas, moi :  un yatch genre Eclipse, par exemple, ou une montre-bracelet Patek Philippe... Disons, pour être plus modeste, un cinéma-maison EluneVision 8K HDR NanoEdge Fixed-Frame ALRde 135". - Et puis... comme disait George Burns : «S'il m'arrive de vivre trop longtemps, il est plus que probable que je ne serai pas en mesure de m'apercevoir que je suis devenu financièrement démuni.»

Quand, cependant, je me compare à plusieurs de mes contemporains, je m'aperçois que, pour une raison que j'ignore, j'ai réussi pour la majeure partie de ma vie à ne jamais trop dépenser au-delà de ce que je gagnais. Le résultat sans doute d'un certain atavisme qui a fait que la plupart des Popp, sauf exception, sont morts pauvres. - Ma femme vous dira le contraire, mais elle serait bien embêtée de démontrer qu'elle se trouve aujourd'hui à deux pas de la misère. 

Je regrette, mais je ne suis pas plus assez crac en statistiques pour vous expliquer comment on devient millionnaire en économisant, mais j'ai appris, avec le temps, qu'une auto, par exemple, c'était une dépense et non un investissement, que la différence entre les deux était qu'un investissement était une dépense qui rapportait ; que certaines dépenses inférieures à ce qui semblent être un investissements rapportent plus de rendements à long terme. - Un voyage en Europe, par exemple, (en Amérique à ceux qui nous lisent de l'autre côté) avec peu d'argent en poche, vous en dira plus sur ce qui se passe dans le vrai monde que deux ans d'études en art plastique. 

Et puis...

Dites vous une chose : on ne possède jamais rien, on ne fait qu'emprunter et qu'une fortune qui vous permettra de manger dix fois par jour est une fortune noin nécessaire. 

Question : 

Qu'on réduise la fortune des mutlimilliardaires d'aujourd'hui de, mettons de 120 milliards US à 12 milliards, ça changera quoi ?

Personnellement, je crois avoir gagné depuis qu'elles existent, au moins dix à vingt mille dollars (Can) à la lotto :

Je n'ai jamais acheté de billet..

Simon

   Copernique Marshall 


Éduquer ses enfants
(Suite et fin)

«[En écoutant sa musique] on a l'impression 
de retourner dans un temps ancien où           
les gens savaient encore parler.
»                   
(Berta Rojas à propos d'Agustin Barrios)      

Je suis d'accord avec le mot de Monsieur Pérec d'aujourd'ui et qui s'est mis (le mot) à circuler parmi nous depuis presque le début du mois dernier. Il m'a essentiellement forcé à réaliser que quelle que soit l'éducation qu'on nous donne quand on est jeune ou plutôt quelles que soient les informations qu'on nous transmet sur le monde, que ce soit celui de l'univers dans sa majesté tout entière ou celui dans lequel nous vivons au jour le jour, cette éducation ou ces informations finissent pas n'être d'aucune utilité quand on arrive à l'âge adulte car celui dans lequel nous sommes appeler à vivre n'a, sauf si on vit dans une communauté où rien ne change (*), aucun rapport avec celui qu'on nous a décrit.

(*) Au Tibet, par exemple, ou, plus récemment, parce qu'il fait l'objet d'une certaine actualité depuis quelque temps, l'Afghanistan. Mais je pourrais vous citer des régions, au Québec, où le progrès est d'une particulière lenteur.

Un de mes voisins me disait, il n'y a pas longtemps, que ses enfants (il en a trois, âgés respectivement de 13, 9 et 5 ans) lui enseignaient plus sur certaines choses (les ordinateurs, les téléphones intelligents et autres gadgets) qu'il pouvait, lui, les renseigner sur la plupart de celles qu'il connaissait... - "Attends, que je lui ai dit, qu'ils te reviennent sur la sexualité, le mariage et ce qu'ils veulent faire dans la vie !"

La conversation a vite tourné sur les "valeurs fondamentales" telles que l'honnêteté, la charité, l'entre-aide entre voisins... Sauf que nous avons vite réalisé que nous allions tomber dans des domaines presque intouchables : la foi, la morale, la responsabilité, la liberté individuelle...

Personnellement, je m'en remets aux deux, à mon avis, les plus importants secteurs de la pensée humaine : la philosophie et la science.

Oh, n'allez surtout pas croire que je suis convaincu que savoir si Socrates a vraiment existé ou non, que E=MC2, ou que Nietsche a une pensée plus terre-à-terre que celle de saint Augustin, etc.  sont des notions qu'il faut absolument inculquer à ceux qui nous suivent. Ce sont là des notions sans importance.

Non : ce que je trouve essentielles dans la philosophie et la science, ce sont les méthodes qu'ils utilisent pour en arriver à leur "certitudes". Autrement dit : ce qui est important dans leur système respectif, c'est leur approche. Elle est pourtant simple :

1 - Ce qui ne peut pas être démontré physiquement et de façon répétitive, ne peut pas être vrai.

2 - Ce dont on peut démontrer le contraire est faux.

3 - On ne saurait baser des règles sur un système qui ne répond pas aux deux critères précédents.

(J'ai simplifié, mais fondamentalement la philosophie et la science sont basées sur ces principes.)

En d'autres mots :

Il faut questionner la validité de tout, mais en même temps, persister à vouloir connaître la vérité.

Et puis :

Étre curieux et ouvert à des notions contraires à ce que l'on croit vrai.

Les autres caractéristiques qui découlent de ces affirmations, aimer, par exemple, ou faire confiance à ceux que nous aimons sont de nature humaine. D'aucuns diront que ce sont les plus importantes et, jusqu'à présent, elles ne m'ont pas trahi.

Mon père m'a toujours dit :

"Sois honnête. Ça fera un voleur de moins."

M'a toujours aimé et je l'aime toujours.

Copernique

   Jeff Bollinger


Un mot ?

De retour de vacances. 

S'il y en a parmi vous qui ont cru que j'aurai eu le temps avec Alysée 19 ans, Thomas 17 ans, Frédéric 16 ans, Matisse 15 ans et la rentrée...

À+

Jeff


  George Gauvin


Et, en plus, on voudrait que je sois normale

Quelqu'un (pas mon chum) m'a dit, il n'y a pas longtemps :

"George, y'a une personne en toi que j'ai toujours aimée. Je ne sais pas où elle est passée."

Je lui ai répondu que j'étais fatiguée.

M'a dit que la fatigue n'était pas une cause, mais une conséquence.

J'suis une femme forte. Je vais passé à travers.

Et puis déja, je me demande si j'aurais dû écrire au travers plutôt qu'à travers.

Mais parait que j'embellis en viellissant. Que je rayonne !

Maudit, que les gars sont maladroits.

J'veux pas grand chose, ces temps-ci : juste qu'on me sourit.

George

   Fawzi Malhasti


Page choisie

Voici le poème dont parlait Copernique le mois dernier :

Épilogue
Aragon
(Les poètes - 1960)

Je me tiens sur le seuil de la vie et de la mort les yeux baissés les mains vides
Et la mer dont j'entends le bruit est une mer qui ne rend jamais ses noyés
Et l'on va disperser mon âme après moi vendre à l'encan mes rêves broyés

Voilà déjà que mes paroles sèchent comme une feuille à ma lèvre humide

J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ

Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre
J'ai choisi de donner à mes vers cette envergure de crucifixion
Et qu'en tombe au hasard la chance n'importe où sur moi le couteau des césures
Il me faut bien à la fin des fins atteindre une mesure à ma démesure

Pour à la taille de la réalité faire un manteau de mes fictions

Cette vie aura passé comme un grand château triste que tous les vents traversent
Les courants d'air claquent les portes et pourtant aucune chambre n'est fermée

Il s'y assied des inconnus pauvres et las qui sait pourquoi certains armés
Les herbes ont poussé dans les fossés si bien qu'on n'en peut plus baisser la herse
Dans cette demeure en tout cas ancien ou nouveau nous ne sommes pas chez nous

Personnes à coup sûr ne sait ce qui le mène ici tout peut-être n'est qu'un songe
Certains ont froid d'autres ont faim la plupart des gens ont un secret qui les ronge

De temps en temps passe des rois sans visage 
On se met devant eux à genoux

Quand j'étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges
Ah comme j'y ai cru comme j'y ai cru puis voilà que je suis devenu vieux

Le temps des jeunes gens leur est une mèche toujours retombant dans les yeux
Et ce qu'il en reste aux vieillards est trop lourd et trop court que pour eux le vent change

Ils s'interrogent sur l'essentiel sur ce qui vaut encore qu'on s'y voue
Ils voient le peu qu'ils ont fait parcourant ce chantier monstrueux qu'ils abandonnent

L'ombre préférée à la proie ô pauvres gens l'avenir qui n'est à personne

Petits qui jouez dans la rue enfants quelle pitié sans bornes j'ai de vous
Je vois tout ce que vous avez devant vous de malheur de sang de lassitude
Vous n'aurez rien appris de nos illusions rien de nos faux pas compris
Nous ne vous aurons à rien servi vous devrez à votre tour payer le prix

Je vois se plier votre épaule À votre front je vois le pli des habitudes
Bien sûr bien sûr vous me direz que c'est toujours comme cela mais justement

Songez à tous ceux qui mirent leurs doigts vivants leurs mains de chair dans l'engrenage
Pour que cela change et songez à ceux qui ne discutaient même pas leur cage

Est-ce qu'on peut avoir le droit au désespoir le droit de s'arrêter un moment
Et vienne un jour quand vous aurez sur vous le soleil insensé de la victoire
Rappelez vous que nous avons aussi connu cela que d'autres sont montés
Arracher le drapeau de servitude à l'Acropole et qu'on les a jetés
Eux et leur gloire encore haletants dans la fosse commune de l'histoire

Songez qu'on n'arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien
Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable

Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d'épouvantables
Car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien

Vous passerez par où nous passâmes naguère en vous je lis à livre ouvert
J'entends ce cœur qui bat en vous comme un cœur me semble-t-il en moi battait
Vous l'userez je sais comment et comment cette chose en vous s'éteint se tait
Comment l'automne se défarde et le silence autour d'une rose d'hiver
Je ne dis pas cela pour démoraliser 

Il faut regarder le néant
En face pour savoir en triompher 
Le chant n'est pas moins beau quand il décline
Il faut savoir ailleurs l'entendre qui renaît comme l'écho dans les collines

Nous ne sommes pas seuls au monde à chanter et le drame est l'ensemble des chants
Le drame il faut savoir y tenir sa partie et même qu'une voix se taise
Sachez le toujours le chœur profond reprend la phrase interrompue
Du moment que jusqu'au bout de lui même le chanteur a fait ce qu'il a pu
Qu'importe si chemin faisant vous allez m'abandonner comme une hypothèse

Je vous laisse à mon tour comme le danseur qui se lève une dernière fois
Ne lui reprochez pas dans ses yeux s'il trahit déjà ce qu'il porte en lui d'ombre
Je ne peux plus vous faire d'autres cadeaux que ceux de cette lumière sombre

Homme de demain soufflez sur les charbons

À vous de dire ce que je vois

Fawzi

   Paul Dubé


O tempora, o mores !
(Autres temps, autres moeurs)
(Titre suggéré par Monsieur Pèrec)

 Pour mon émission, une sorte de bénévolat où je me permets de parler de françaises chansons à toutes les semaines (*), je dois choisir régulièrement parmi des dizaines de milliers d'enregistrenments ceux qui pourraient être considérés comme étant plus ou moins compatibles. Entendez par là : de quoi former un thème quelconque ou être en rapport avec un sujet, ne serait-ce que le titre d'une chanson, le genre d'interprètes ou même l'anné ou la décennie au cours de laquelle diverses chansons ont été enregistrées.

(*) Radiophile.ca - Tous les dimanches, à midi.

Un seul a encore échappé à cette classification : celui des groupes. Deux, si l'on compte les années où les groupes semblent avoir eu le dessus sur les interprètes individuels.

De ces groupes ou années, on se souvient encore de certains : des Beatles, des Rolling Stones, des Beach Boys et même, en français, des Compagnons de la chanson ou encore des Frères Jacques, des Quatre barbus ou des Djinns (quoique un peu moins). En reculant un peu plus loin, on peut penser à Pierre et Denis, Bach et Laverne ou aux Four Aces, Four Diamonds, The Mills Brothers...

C'est que les groupes ont toujours été éphémères.

Qui se souvient (en français) des Chaussettes noires, des Chats sauvages, des Pirates... et, au Québec, des Hou-Lops, des Gendarmes, de César et ses Romains (sic), des Classels, des Têtes blanches (sans oublier Bruce et les Sultans)... ?

C'est que, par rapport à beaucoup d'autres (Harmonium, les Colocs, Offenbach, Beau Dommage...), la plupart étaient mauvais, mais plus que mauvais : pire.

Vous ne me croyez pas ? en voici quelques-uns :

(45 secondes, max, chacun)

 Les Bel Airs

Marchant dans la plaine 

César et les Romains

Splish, splash 

Les chats sauvages

Twist à St-Tropez 

Les chaussettes noires

Je t'aime trop 

Les Hou Lops

A quoi bon 

Les Pingouins

Oh, les filles ! 

Les Pirates

Je bois du lait 

   Pas de plaintes, s.v.p.

paul

Lectures


Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.


Fin de la période estivale

John Ruskin, Ludwig Wittgenstein, Bertrand Russell, Carl Sagan, Tchekhov, Louis-Ferdinand Céline (mais en anglais), Cicéron, Giraudoux, Henry James, Shakespeare, Wodehouse, Edna St-Vincent Millay, quelques livres sur la chanson et même quelques chapitres sur un consacré à Monteverdi, plus... trois poètes publiés à leur frais...

Ce sont les auteurs, sans compter ceux dont j'ai parlé récemment, que j'ai lus, feuilletés, parcourus, découverts, étudiés, analysés au cours de la période qu'on dit "estivale" qui sera terminée officiellement au moment où vous lirez ceci.

(Remarquez que  pour un retraité, cette période ressemble étrangement à toutes celles qui se déroulent invariablement dans le même ordre au cours d'une année... quoique... il me semble que celle dont à laquelle je fais référence plus précisément à dans le paragraphe précédent m'a semblé particulièrement chaude et humide... cette année.)

Voici, dans le désordre le plus totale, certaines pensées qui me sont venues en cours de route :

   Sur mes lectures en général :

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais ayant des auteurs, des compositeurs et même des interprètes favoris, je me sens coupable quand, par exemple, je n'ai pas lu depuis un certain temps ne serait-ce que quelques lignes de - je ne sais, moi, tiens : - Proust... ou pas écouté un quatuor de Beethoven ou un prélude Chopin. Ça m'est arrivé quand j'ai constaté  il y a quelques jours que je n'avais pas ouvert un volume de Pline le Jeune, Virgile et même Gide depuis deux, probablement même, trois mois.

Je vieillis. - Merci, Monsieur Pérec de me le rappeler. - Et j'ai l'impression, comme il ne me reste pas de nombreuses années à lire, que je n'aurai pas pris le temps de me pencher sur des choses que j'ai toujours voulu connaître avant de disparaître. Parmi ces choses, y'a la Divine comédie de Dante, The History of the Decline and Fall of the Roman Empire de Gibbon... ou même la relecture une dernière fois des livres qui m'ont marqué ou qui ont tout simplement retenu mon attention :  le Journal de Julien Green par exemple ou Claudel, Ronsard, Dostoievski ou Racine et Molière dont je peux, après bien des années citer de longs passages...

C'est un aspect de la vie dont on ne parle pas souvent.

J'ai fait des efforts, quand même, depuis l'année dernière en m'attaquant à nouveau aux Mémoires de Saint-Simon qu'hélas, j'ai fort négligé cet été et même avant.

     Ajout ( au 12 septembre) :

Dans son livre Proust par lui-même ((Seuil, 1953)  Claude Mauriac écrit :

Dès les pages d'introduction de Les Plaisirs et les jours, on trouve associés sous la plume du jeune Proust cette exigence profonde qu'on nomme le sens moral, et le thème de la mort comme une constante présence au coeur même de la vie :

 On prend tant d'engagements envers la vie qu'il vient une heure où, découragé de pouvoir jamais les tenir tous, on se tourne vers les tombes, on appelle la mort, « la mort qui vient en aide aux destinées qui ont peine à s'accomplir ». Mais si elle nous délie des engagements que nous avons pris envers la vie, elle ne peut nous délier de ceux que nous avons pris envers nous-mêmes, et du premier surtout, qui est de vivre pour valoir et mériter.

Entre-temps :

   Sur la lecture

Les deux grands amis que furent les écrivains Shelby Foote (*) et Walker Percy (**) étaient de grands admirateurs de Tchekhov dont ils aimaient la façon de retenir l'attention de ses lecteurs tout en racontant des histoires, somme toute, banales. - Foote en particulier, qui disait avoir relu À la recherche du Temps perdu neuf fois pour le plaisir d'être émerveillé, non pas surpris, mais émerveillé et toujours avec un constant ravissement, par l'extraordinaire technique littéraire de Proust  précisait dans un interview télévisé alors qu'il approchait son 82e anniversaire qu'il n'avait jamais su comprendre exactement celle de Tchekhov qu'il aurait bien aimé utiliser et dont une des caractéristiques étaient qu'il posait plutôt que de répondre à des questions.

(*) Shelby Foote (1916-2005) est, entre autres, l'auteur d'un ouvrage de plus de 3 000 pages sur la Guerre de Sécession. - https://fr.wikipedia.org/wiki/Shelby_Foote.

(**) Walker Percy (1916-1990), romancier, nouvelliste et essayiste est surtout connu The Moviegoer (Le Cinéphile) considéré par la Modern Library et le Time Mgazine comme un des cent grands romans du XXe siècle. - https://fr.wikipedia.org/wiki/Walker_Percy.

Pour avoir lu (relu), le mois dernier, les nouvelles parues en français sous le titre de Une histoire banale (sic) de ce Tchekhov (*), je dois avouer que je n'ai pas compris, moi non plus, comment je me suis senti obligé de les lire jusqu'à la dernière ligne, moi qui n'aime pas précisément les histoires.

(*) Disponibles en version pdf en La Bibliothèque électronique du Québec.

C'est un sujet de discussions sans fin qu'il m'arrive d'avoir avec un ami qui, lui, semble ne lire, justement, que des histoires dont celle qu'il lisait dernièrement dans une fausse biographie de William Boyd, À livre ouvert (*),  sur lequel il m'a refilé la critique d'André Clavel paru dans le Temps en octobre 2002 où l'on pouvait lire (à moins que ce soit mon ami qui me l'ait mentionné) que...

(*) Seuil, Collection Points, 2010 -  traduction de Any Human Heart paru chez Amish Hamilton en 2002)

... c'était un patchwork, une sorte de mélange de réflexions dans lequel laquelle se superposent les visages de Malraux, de Kessel, de Ian Fleming, d'Hemingway, des peintres d'avant-garde regroupés autour de Motherwell et de Pollock... sans compter des rencontres fortuites avec le duc de Windsor aux Bahamas. Joyce dans un restaurant de Saint-Germain-des-Prés. Virginia Woolf et Aldous Huxley sur les rives d'un lac anglais, Hemingway (notamment) à Madrid, pendant la guerre d'Espagne et Picasso dans son atelier parisien, puis dans sa villa de Cannes, lors d'un déjeuner avec Simone Signoret... qui ressemblait «à une barmaid française fabuleusement belle», etc.

Je n'ai pas lu, forcémenet puisqu'il s'agissait d'histoires - et que pour connaître Joyce, Virginia Woolf et Hemmingway, je préférais les lire - mais ça m'a fait penser que, la vie étant très courte (parlez-m'en !), il faut choisir entre se familiariser avec tout et, en conséquence, ne rien connaître en profondeur, ou concentrer son esprit sur quelques sujets ou personnes pour en vraiment saisir l'importance et le sens. J'aime bien, à ce propos, l'attitude de Shelby Foote pour qui Shakespeare ou Proust, après de multitudes lectures, ont eu toujours quelque chose à lui apprendre.

Mais pour les histoires, je crois que le cinéma ou les séries télévisées font, depuis quelques années, un meilleur job que la littérature. - Et je ne parle pas seulement des films d'action. The Third Man de Graham Green, par exemple, est, à la lecture quasiment ennuyant tandis que le film qu'en a tiré Carol Reed est un véritable chef-d'oeuvre.

Alain et ses propos

La légende  - enfin : c'est ce que j'ai retenu (ce qui prouve que je suis aussi naïf que ceux qui croient en la transsubstantiation [*]) - veut que Alain, de son vrai nom Émile-Auguste Chartier, né le 3 mars 1868 à Mortagne-au-Perche (France) et mort le 2 juin 1951 au Vésinet, le philosophe-journaliste-essayiste-et-professeur-de-philosophie, aurait écrit tous ses Propos [**] sans jamais faire une rature ou une erreur, que cette erreur ait pu être grammaticale ou contradictoire.

[*] Dogme datant du quatrième concile du Latran (1215) et confirmé par celui de Trente (1545-1563 selon lequel, dans l'Eucharistie, le pain et le vin, par la consécration de la messe, sont « réellement, vraiment et substantiellement » transformés ou convertis en corps et sang du Christ.

[**] Alain - Propos (1906-1936) - Tome I et II - La Pléiade (1956 et 1970)

De toutes évidences, Alain ne fut jamais ce qu'on pourrait appeler un spontané ou un bonhomme qui écrit une chose un jour pour se contredire le lendemain.

Dommage car il aurait pu réveiller certains de ses lecteurs et les encourager à écrire des lettres ou envoyer des messages comme j'en reçois depuis des années et ainsi, modifier sa pensée au jour le jour.

   Ruskin et Proust

Je n'ai jamais su pourquoi au juste Proust a traduit deux des inombrables écrits de Ruskin (*). Sans doute pour y ajouter des notes et en écrire des préfaces.

 (*) Sesame and the Lilies sous le nom de Sésame et les lys et The Bible of Amiens sous celui de La Bible d'Amiens, les deux étant disponibles gratuitement à divers endroits sur Internet. - Suffit de taper leurs titres suivis de .pdf

Ces notes s'étirent, dans les Éditions Complexe (format poche, 1987), sur plusieurs pages et cela de façon presque indécente, mais en les excluant, on finit par mettre le doigt sur l'extraordinaire personnage que fut Ruskin, au demeurant peu traduit en français, particulièrement en ce qui concerne ses écrits sur le travail, l'économie et les rapports entre les possédants et les ouvriers. Quand on demandait à Lénine pourquoi il était devenu communiste, il répondait invariablement "à cause de" ou "grâce à Ruskin".

Faut dire que la préface à Sésame et les lys de Proust, publiée maintes fois séparément (j'en ai quelque part une version bilingue), mérite un détour :

«Il n'y a  peut-être pas de jour de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré...»

Un must pour ceux qui ne lisent que des histoires ou, pire encore, ceux qui ne lisent que les livres qui n'entrent pas en conflit avec leurs propres pensées.

   Cicéron, Virgile, Louis-Ferdinand Céline, Wodehouse, Henry James...

Je plains ceux qui ne connaissent qu'une seule langue. Non pas parce qu'ils sont obligés de lire en traduction des auteurs qu'on ne peut pas éviter - ne serait-ce que Shakespeare, pour n'en mentionner un qu'on compte parmi les plus grands ou Proust en anglais -, mais parce qu'une langue seconde leur permettrait de saisir les nuances de leur propre langue, de son génie (*).

(*) Génie dans le sens de l'ensemble des caractères naturels qui sont essentiels à une langue [...] et lui confèrent [son] originalité (Larousse)

J'ai relu du Wodehouse cet été. J'aurais tout aussi bien relire certaines pièces d'Oscar Wilde sauf que Wodehouse est un maître du sous-entendu. Il ne souligne jamais ses bons mots, ni n'attirent ses lecteurs vers une subtilité quelconque dans, par exemple,  un dialogue entre ses deux personnages principaux, l'un étant le valet de chambre et l'homme-à-tout-faire de l'autre. - C'est du Guitry, mais en mieux. - Et quand je le relis, ouque je relis Virgile ou Cicéron, je regrette de ne pas avoir appris le grec ancien quand j'étais jeune car, je sais, en lisant Sophocle ou Euripide - ou tous les auteurs latins tant qu'à y être - que j'en manque une bonne partie, sinon l'essentiel car...

Lire des choses dans sa propre langue, traduites dans une autre, me rappelle toujours que ceux qui nous lisent, en - mettons - anglais, n'auront jamais le plaisir de véritablement lire Céline, par exemple, Céline dont la langue fait partie intégral de ses récits. - Et vice versa en ce qui concerne Shakespeare ou Wodehouse.

Une exception : Proust traduit par Moncrieff. - J'en ai déjà parlé. Ce n'est évidemment pas du Proust à 100%, mais avec Moncrieff, on s'approche du 95%.

Dire qu'on a confié il n'y a pas si longtemps à six ou sept traducteurs - et séparément par dessus le marché, chacun état responsable d'une section ou d'un volume - À la recherche du Temps perdu... Un véritable sacrilège.

   Witgenstein, Sagan (Carl) et beaucoup d'autres

Bravo au premier qui dans son Tractus Logico-Philosophicus aurait démontré que la communication verbale (et même écrite) de pensées était impossible et ce, dans un livre justement incompréhensible. Sa préface par Bertrand Russell mérite un détour, de même que, de ce Russell, De la fumesterie intellectuelle et surtout Pourquoi je ne suis pas chrétien que tout chrétien devrait lire.

À lire également les essais-conférences de Carl Sagan sur la science.

   Poésie

En possession de plusieurs - et quand je dis plusieurs, je dis bien plusieurs - oeuvres imprimés à compte d'auteurs, j'en reviens toujours quand je les regarde ou déplace à ce que disait Borgès à propos de la publication de ses écrits (ses étant celles des écrivains en général et non pas exclusivement des siens) : que pour un véritable écrivain, la publication est une aspect secondaire de l'écriture.

N'ayant jamais publié quoique ce soit (sauf quand je fus forcé de le faire), c'est une pensée qui est continue chez moi.

Vous allez me dire qu'écrire dans Le Castor™, c'est mettre à la disposition d'un certain public le fruit de mes divagations et je vous répondrai oui, mais les textes qu'on y fait paraître sont destinés à un certain public qui consiste en des lecteurs très particuliers, de ceux qui ont la patience et le courage de rechercher sur l'Internet ce qui ne se publie pas ailleurs. - Ce public-là, oui, m'intéresse. C'est le seul qui me permet de juger si ce que j'écris correspond, à leur interprétation de ce que je pense penser. - En bref, je me suis expliqué souvent là-dessus : j'écris pour mettre de l'ordre dans mes idées. - Voir Wittgenstein !

C'est ce qui m'amène à ne pas comprendre pourquoi certains - disons - poètes (car sauf deux textes tous ceux que j'ai en ma possession de ces oeuvres publiées à compte d'auteur sont des recueils de poésie) semblent dépensent souvent beaucoup d'argent pour se faire imprimer sans passer par le jugement d'éditeurs, même les plus subventionnés, ou de tierces personnes car s'il y a quelque chose qui, au départ, est abscons ou abstrus (ou les deux - voir l'édition précédente de ce Castor™), c'est bien la poésie.

M'enfin, ce n'est pas très important ce que je viens de dire là, ce qui est important c'est que non seulement j'ai lu, mais avec une sincère attention, tous les oeuvres imprimées - je répète : à compte d'auteurs qu'on m'a remises ou que je me suis procuré - mais il m'arrive souvent de les relire avec un grand intérêt. Comme je l'ai fait cet été en ce qui concerne un certain Rémi Tremblay que je salue, ici, au passage car je sais qu'il nous lit souvent et à qui je redis, pour la nième fois, qu'il devrait s'essayer en chanson.

La sonorité de ces poèmes m'émerveillent, mais qui lit à haute voix de nos jours ?

Et n'allez pas me dire qu'une chanson doit absolument suivre une ligne narrative quelconque. Je vais vous référer immédiatement à Québec Love chanté par Charlebois (paroles de Daniel Gadouas) ou aux chansons dLucien Francoeur.

   Et Giraudoux, Edna St-Vincent millay et les autres ?

De Giraudoux, j'ai relu, il y a deux ou trois semaines, La guerre de Troie n'aura pas lieu et Ondine et, décidément, je pense, comme Monsieur Pérec le souligne cette semaine, que je suis né et que j'ai vécu dans un monde qui n'existe plus.

Que de beautés dans ces deux pièces ! Comment oublier, par exemple, ce que les Troyens pensent d'Hélène qu'ils tiennent absolument à garder auprès d'eux :

«[Depuis qu'elle est là], il n'y a plus de mètres, de grammes, de lieux. Il n'y a plus que son pas la portée due son regard ou de sa voix et l'air de son passage est la mesure des vents.»

Edna ? Je pense que je n'en verrai jamais la fin. même si, à chaque jour, j'en lisais plusieurs pages. - La traduire ? Je me suis essayé. - Je pense à un bonhomme que j'ai déjà connu qui a rédigé sa thèse de doctorat en littérature sur je-ne-sais-plus-qui, mais non sur Proust qui, disait-il était trop près de lui.

Et j'en aurai trop long à dire aujourd'hui sur Philip Kerr et sa Trilogie berlinoise de quelque 3 000 pages de même que sur l'Aventure des langues en occident d'Henriette Walter...

Simon

 

Il y a dix ans dans le Castor


En direct d'Hollywood (Californie)

L'éducation religieuse ?

Elle consiste à expliquer pourquoi il faut suivre les conseils, avis et recommendations d'un groupe de sages dont le symbole est un homme cloué sur deux planches de bois ou d'un autre groupe dont les membres se tournent vers l'est sept fois par jour ou d'un troisième dont les adeptes s'assoient dans la position du lotus, mais également d'un quatrième dont le système de justice consiste, entre autres, à lapider, ceux qui abandonnent leurs pricipes.

Personnellement, je crois que Jésus-Christ, lors de son retour sur terre, n'appréciera pas qu'on ait affiché pendant des siècles des croix un peu partout. - Les dieux, généralement, ont la mémoire longue.

Moe Spitzman, cardinal

 

Le courrier


Mme. Fernande leriche - Ormstown, Québec

  - Lancaster, Illinois.

M. Ôssip Stépanytch Dymiv

  - La distance à vol d'oiseau entre la municipalité de Boring (état de l'Orégon) et celle de Dull (en Écosse) est de 8,523.28 kilomètres.

M. Daniel lumier-Roy, Paris 7e

  La population des athées dans la population carcérale américaine (section des condamnés à mort) est d'environ 0,07 %. - Et oui, le pourcentage des non-croyants en république Tchèque se situerait dans les 76,1 %.
 M. James Pemberton - Brierfield (près Montevallo), Alabama
  -  A bubble-gum shoe-lace contraption ought to do the trick.

Mme J. L. - Les Coteaux, Québec

  - À cet endroit :

Caractéristiques du syndrome d'Asperger

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

 

Charlie Watts
(1941-2021)

Pages recommandées


 Toulouse-Lautrec : L'oeuvre lithographique complète  
370 photos des lithogravures de Toulouse-Lautrec     

Schubert
un essai de Paul Dubé
94 extraits sonores, 45 photos, 5 vidéos, 7 annexes, de nombreux liens...

Éphémérides
Là où s'accumulent les inclassables

Le mot de la fin


«I am an old man and have known a great many troubles - but most of them never happened.»

Traduction :

«Je suis un vieil homme et j'ai connu beaucoup d'ennuis - mais la plupart d'entre eux ne se sont jamais produits.»

- Mark Twain

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