Né le 5 novembre 1949 à Flatbed dans
l'état de New York (USA), Halbert MacDonald-Leduc fut le fils unique
de Redford MacDonald, propriétaire de la quincaillerie locale,
ex-lieutenant dans le 54th Army Corps, et de Marie-Paule Leduc, une québécoise
dont le père était représentant en tuyauterie en
Nouvelle-Angleterre.
Son enfance se déroula sans histoire
jusqu'à la mort de son père, survenue dans sa onzième année, qui
fut suivie presque aussitôt de la vente du commerce familial et du
retour de sa mère chez les siens à Montmorency en banlieue de la
ville de Québec. - De là, il termina ses études secondaires
puis se pencha du côté de la comptabilité, obtenant un diplôme de
"comptable agrée" avec spécialité en "entreprises"
en 1958.
Pour subvenir aux besoins de sa mère
invalide, il débuta en 1959 chez Moisan, Chapeau et Redoute,
une étude de comptable plus ou moins florissante dont les bureaux étaient
situés dans le quartier Saint-Roch, un des quartiers les plus nantis
de la ville de Québec.
D'une personnalité plutôt fade, il y
fit son apprentissage qui dura "plus ou moins dix ans" [1] pendant
lesquels il se paya une séance de cinéma par semaine, un verre de bière
à tous les quinze jours et trois semaines de vacances à Boston ou à
New York où, vers 1975, il découvrit l'univers du roman policier
dans un livre de poche que quelqu'un avait oublié dans le bus qui le
ramenait à Montréal. - Ce roman, The Dead Man's Knock
de John Dickson Carr [2] allait
changer sa vie.
Il se mit, dès son retour, à fréquenter
tous les libraires d'occasion de la ville de Québec, puis de Montréal
et de Toronto (où son travail l'amenait deux fois par année) et
finalement ceux de New York, commandant par la poste les "grands
ignorés" qu'il ne pouvait trouver nulle part, lisant et
relisant tout le classiques américains de l'époque : Blockman,
McLoy, Clemens, Harrison, Anderson, Baynard, Haycraft, Coxe, Osborn,
Edgar, Gaymont... jusqu'à devenir une véritable encyclopédie
du Who's Who du crime.
En 1982, il demanda à être admis au
prestigieux Mystery Writers' Club de New York mais
totalement inconnu, non parrainé, sa candidature fut refusée.
C'est alors qu'il décida - peu après
la mort de sa mère - de fonder son propre club, The Quebec
Fantom Writers où, ayant changé son nom en Andrew
Hamilton, il s'élut, étant le seul membre de cette
association, président, vice-président et secrétaire. Obtenant, par
ses multiples contacts au Gouvernement, une subvention qui lui permis
de donner sa démission de Moisan, Redoute et Associés (le
Chapeau du Moisan, Chapeau et Redoute ayant à ce moment-là
déjà pris sa retraite).
De là, avec le peu d'argent qu'il
avait reçu en héritage, il quitta la banlieue de Montmorency pour
s'installer dans une maison de chambre, rue Saint-Jean où, de sa pièce-double
en façade, il se mit à écrire un roman autour d'un être sans
personnalité, sans traits caractéristiques, silencieux et renfermé
sur lui-même qui allait devenir ce comptable aujourd'hui mondialement
connu sous le nom de Denis J. (Jay) Roy.- Ce roman, The
Naughty Landlady - traduit la même année, en français
sous le titre de L'héritière était trop pauvre - fut,
à sa propre surprise, immédiatement accepté par les éditeurs
new-yorkais, Moore, Boncoop & Bonprit, qui en
firent un best-seller dans l'espace de quelques semaines.
Devenu du jour au lendemain - ou
à peu près - riche et célèbre, sa première réaction fut de
refuser d'être interviewé, d'être photographié ou de paraître
dans les nombreux talk-shows de la télé américaine. -
Ses éditeurs insistèrent et, le six décembre 1984 - date qui
allait passer à l'histoire dans le milieu littéraire policier américain -
où, à l'occasion d'un cocktail organisé en sa faveur, il consentit
à se rendre à l'hôtel Pierre où toute la haute gomme des
journalistes new-yorkais l'attendaient. "C'était, comme
il le fit dire à un de ses personnages dans Yes, Dear,
ou Survivre, ou mourir." - Vêtu d'un complet gris,
il se présenta à la réception, dit son nom et fut promptement
escorté vers la sortie. Comme il insista quelque peu, on fit appel à
la police et, une demi-heure plus tard, c'est du poste de la cinquième
avenue qu'il appela la maison Moore, Boncoop & Bonprit
où, naturellement, on le prit pour un autre de ses êtres étrangers
qu'on retrouve à toutes les intersections du Big Apple. - Il fut
libéré le lendemain non sans s'être promis de ne plus jamais paraître
en public. - La publicité autour de cette histoire, savamment
orchestrée par ses éditeurs, lui valut une renommée encore plus
grande.
De retour à Québec, il acheta la
maison où il logeait depuis déjà deux ans, fit condamner toutes les
pièces et se réfugia dans son deux-pièces où, à partir de 1985,
il écrivit onze romans, à raison d'un par an, se contentant, comme
seule sortie, d'aller prendre ses repas dans un restaurant tout près
de sa demeure où, naturellement, personne ne lui porta attention
jusqu'à ce qu'on sache, lorsqu'il eut son premier infarctus, en 1993,
et qu'il dû être hospitalisé pendant plusieurs semaines, qui il était.
A sa sortie de l`hôpital, pour éviter
tout contact avec ceux qui pourraient le reconnaître, il décida de
faire livrer ses repas chez lui ou, convalescent mal soigné, il fini
par ne plus manger et mourir presque de faim, multimillionnaire, à l'été
de 1994.
Une nièce, lointaine, s'occupa de sa
succession, jetant, selon ses dernières volontés, ses cendres dans
un endroit connu que d'elle seule, laissant sa fortune à diverses
sociétés de charité à condition que cette fortune soit distribuée
à ceux qui n'en feraient pas la demande.
Une plaque du Mystery Writers'
Club de New York a été apposée à l'endroit où il vécut
les dernières années de sa vie le 3 avril 1995.